Jonas Kaufmann et Elina Garanca irradient dans Cavalleria Rusticana au Teatro di San Carlo !

Xl_cavalleria_rusticana_teatro_di_san_carlo-9280_copia J. Kaufmann & E. Garanca © Luciano Romano

Trois jours avant le mythique Teatro alla Scala de Milan (dont l’ouverture est ce soir, lundi 7 décembre), c’est le non moins magnifique Teatro di San Carlo de Naples qui inaugurait sa saison 20/21. Mais temps de pandémie oblige, c’est en ligne via Facebook que la fête a eu lieu. Une fête qui a mal commencé avec des problèmes techniques (sauts d’images notamment), tellement nombreux que la diffusion s’est brusquement interrompue au bout de quinze minutes. Après dix minutes d’image figée, elle a pu reprendre… mais des 11 000 viewers, elle n’en comptait plus que la moitié, un chiffre qui remontera à 9900 au mieux de la soirée.

Mais venons-en plutôt au spectacle proprement dit, une soirée qui donnait à entendre le chef d’œuvre de Pietro Mascagni, un Cavalleria Rusticana donné ici en version de concert, avec rien moins que Jonas Kaufmann en Turridu et Elina Garanca en Santuzza. Nous avions déjà entendu le premier dans la capitale de la Campanie en juillet dernier dans une Aida mémorable lors du Festival d’été du Teatro di San Carlo, et il est à parier que Stéphane Lissner le fera venir régulièrement dans sa nouvelle maison. Si la couleur sombre du ténor allemand convient mieux à Canio dans Pagliacci (auquel le premier titre est généralement attaché, mais qui n’a pas été retenu ici), l’interprète parvient néanmoins, comme à son habitude, à tirer le meilleur de sa partie, avec sa voix d’airain qui demeure magnifique de vaillance. Il réussit dès la fameuse Sicilienne à imposer avec éclat le portrait de cet être fruste et pathétique qu’est Turridu, notamment l’incapacité du personnage à comprendre les affres des autres, avant de livrer un air final « Quel vino è generoso » d’une incroyable envergure.  

La mezzo lettone Elina Garanca se révèle non moins grandiose dans son incarnation de Santuzza. Sa voix large et puissante se coule facilement dans cette musique pour en faire ressortir, à chaque instant, son superbe pouvoir expressif, notamment dans son grand air « Voi lo sapete, o mamma » d’une rare intensité. Rien ne manque ici, de son timbre capiteux à son émission aussi facile que rayonnante, de la finesse du legato à la variété de la palette des couleurs, la beauté glacée de la cantatrice n’étant nullement un frein pour nous prendre aux tripes... Quant au baryton italien Claudio Sgura, il présente un profil vocal brutal et heurté qui colle parfaitement au personnage d’Alfio. De son côté, sa compatriote Maria Agresta campe une Lola aux intonations idéalement aguicheuses, tandis que la vétérane Elena Zilio (80 ans !) impose, en dépit d’un vibrato encombrant, sa forte présence en Mamma Lucia.

Nouveau (jeune) directeur musical de la maison napolitaine, le chef slovène Juraj Valcuha ne relâche jamais la tension, dès une Ouverture qui fait respirer d’abord superbement sa phalange, avant de lui imprimer une puissance et un lyrisme enivrants, tandis que les Chœurs du Teatro di San Carlo se surpassent dans les nombreuses interventions qui leurs sont confiées.

Heureux napolitains qui bénéficient d’un tel chef permanent… en plus de la présence désormais régulière du ténor N°1 au mythique et sublime Teatro di San Carlo !

Emmanuel Andrieu

Cavalleria Rusticana de Pietro Mascagni au Teatro di San Carlo en streaming sur Facebook, le 4 décembre 2020 (et en replay jusqu'au 7 décembre).

Crédit photographique © Luciano Romano

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