Il Signor Bruschino, un Rossini de jeunesse à l'Opéra national du Rhin

Xl_bruschino © Opéra national du Rhin

Pour son dernier spectacle de la saison, après Blanche-Neige (Marius Felix Lange) et L’Isola disabitata (Haydn), l’Opéra Studio – formation composée de jeunes chanteurs en formation au sein de l’Opéra national du Rhin – a décidé de monter un opéra-bouffe de jeunesse de Gioacchino Rossini : Il Signor Bruschino. La première vénitienne de l’ouvrage, au Teatro San Moisè, fut un échec. Les chroniques rapportent en réalité que le public avait été choqué par le fait que Rossini au cours de l’ouverture avait utilisé en tant que sonorité musicale le bruit des archets contre le métal qui protégeait les bougies éclairant les partitions…

Malgré leur jeune âge, tous les chanteurs témoignent d’une parfaite mise en place et d’un rigoureux travail d’équipe, se montrant aussi présents qu’efficaces sur le plan scénique. C’est principalement le cas du baryton-basse Georgios Papadimitriou qui, dans le rôle de Gaudenzio, possède déjà tout l’abattage vocal requis par sa partie. Le Florville du ténor chilien Diego Godoy montre une excellente compréhension du style et un potentiel vocal très intéressant, soutenu par un magnifique timbre de tenorino. La française Louise Pingeot interprète avec un charme tout juvénile et beaucoup de verve le rôle de Sofia. Le Bruschino fils de Camille Tresmontant marque plus les esprits que le Bruschino père d’Emmanuel Franco, tandis qu’Antoine Foulon campe un Filiberto satisfaisant et Coline Dutilleul une Marianna singulièrement présente.

Sur une musique inventive et d’un intérêt constamment soutenu, Jean-Michel Criqui – ancien régisseur de l’Opéra de Montpellier – construit une mise en espace simple mais efficace, fourmillant de détails coquasses, donnant tout la respiration nécessaire, et élargissant encore le propos de la partition. A la réussite du spectacle, le chef espagnol José Miguel Pérez-Sierra – à la tête d’un Orchestre Symphonique de Mulhouse placé sur scène (et bien disposé) – ajoute la fougue et l’élan de sa direction. C’est donc bien légitimement que tous les artisans de la soirée reçoivent leur lot de vivats aux saluts. 

Emmanuel Andrieu

Il Signor Bruschino de Gioacchino Rossini à l’Opéra national du Rhin (mai 2017)

Crédit photographique © Opéra national du Rhin
 

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