Carmen au Festival de Glyndebourne

Xl_carmen © Glyndebourne Festival

L'édition 2015 du Festival de Glyndebourne s'est ouverte cette année avec l'opéra le plus joué au monde, l'incontournable Carmen de George Bizet, dans la mise en scène que David McVicar avait conçue pour le prestigieux festival britannique en 2002. Ce mercredi 1er juillet, treizième des quinze représentations prévues, c'est sous une chaleur caniculaire (32 degrés à l'extérieur, un record ici...) que débute le spectacle, à 17h, pour permettre le fameux picnic - pendant le long interval - invariablement placé entre 19h et 20H30...

Sans chauvinisme aucun, disons d'emblée que la mezzo française Stéphanie d'Oustrac (qui nous avait accordé une interview cet hiver) est la plus plausible des Carmen. Elle possède l'allure et surtout la voix de ce personnage mythique. Sa composition est admirable de bout en bout, tant par sa sensualité raffinée que par sa vérité foncière. Voilà certainement l'une des plus ardentes gitanes que l'on puisse voir et entendre aujourd'hui. Et celle, déjà, dont les qualités d'élocution retrouvent un idéal trop souvent bafoué.

Autour d'elle, le niveau baisse sensiblement. Son Don José, le ténor australien Paul O'Neill (en remplacement de Pavel Cernoch, souffrant) déçoit, en délivrant un français la plupart du temps incompréhensible ; il lui manque aussi cette luminosité, cette chaleur, cette fragilité que l'on attend de l'amant de Carmen. En revanche, la basse britannique David Soar chante le rôle d'Escamillo de façon très satisfaisante, avec une voix possédant toute la projection nécessaire pour cet emploi. Sa compatriote Lucy Crowe campe une Micaëla plus oie blanche que jamais, avec une prononciation de la langue de Molière là aussi bien trop aléatoire. Enfin - hors le Zuniga rédhibitoire de la basse coréenne Simon Lim -, le reste de la distribution se montre à la hauteur de l'enjeu, à commencer par les deux autres français de la distribution, Loïc Félix (Remendado) et Christophe Gay (Dancaïre), dont on ne perd pas la moindre syllabe.

Dans les décors de Michael Vale, David McVicar règle une mise en scène simple et efficace, en évitant de surcharger l'intrigue de « trouvailles » plus ou moins bienvenues. L'atmosphère chaude et claustrophobique des deux premiers actes laisse place à l'espace plus aéré du repaire des contrebandiers dans la montagne, plongé ici dans une brume d'un très bel effet. Un simple mur suffit à nous faire sentir la présence de l'arène à l'acte IV, les combinaisons de couleurs, le sens des mouvements et la qualité des éclairages (Paule Constable) parachevant la réussite de l'ensemble.

A la tête de l'excellent London Philharmonic Orchestra, Jakub Hrusa suscite un véritable enthousiasme. Après une Ouverture enlevée, le chef tchèque fait montre d'une battue plus retenue qui permet de faire luire de tous ses feux une orchestration qu'il est rare d'entendre détaillée avec autant de soin, parvenant même à faire ressortir des aspects insoupçonnés de l'écriture orchestrale de George Bizet.

Emmanuel Andrieu

Carmen de George Bizet au Festival de Glyndebourne, jusqu'au 11 juillet 2015

Crédit photographique © Glyndebourne Festival

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