A Montpellier, Nathalie Stutzmann et Leon Košavić chantent Bach "à voix basse"

Xl_bach_bon © DR et Simon Fowler

Nathalie Stutzmann et son ensemble Orfeo 55 poursuivent cette saison leur résidence à l’Opéra de Montpellier et ont donné mardi un récital en compagnie du jeune baryton Leon Košavić dédié à Bach, un compositeur qui se prête à merveille à la période des Fêtes mais malheureusement trop peu donné. Un « Bach à voix basse » qui a su ravir la salle comble.

Nathalie Stutzmann commence par mettre en avant le formidable ensemble qu’est Orfeo 55 avec la sinfonia de la Cantate BWV 42. Ici, les vents survolent le reste des musiciens, créant une profondeur supplémentaire à l’écoute, à laquelle s’ajoute une mouvance de la musique qui semble se promener au gré des musiciens. La modulation que nous voyons déjà poindre se confirmera tout au long de la soirée pour porter au firmament cette musique de Bach qui résonne tout particulièrement à l’approche de Noël. Suit l’aria « Vergnügte Ruh » de la Cantate BWV 170 dans laquelle elle laisse entendre cette voix ambrée que nous lui connaissons et qui n’est plus à présenter, de même que l’attention portée à la prononciation. La connivence avec ses musiciens est évidente, notamment pour « Getrost » où l’on perçoit les échanges et les jeux de regards entre eux, tandis que la douceur et le caractère aérien de « Wie furchtsam wankten meine Schritte » envoûte le public.

La surprise de la soirée viendra après la sinfonia de la Cantate BWV 3 avec le baryton Leon Košavić dont le premier air, « Ich gehe hin » conquiert la salle. Lui qui nous avait enthousiasmé en Figaro à Liège en avril puis à Strasbourg en septembre montre ce soir que l’exercice du récital lui sied tout autant : belle projection, chant fort et clair tout en nuance, timbre rond et chaleureux, tout est là pour plaire. C’est alors un vrai plaisir de le voir revenir pour la Cantate BWV 56 « Ich will den Kreuzstab gerne tragen » qui clôt la première partie – avec notamment un choral chanté par l’ensemble des musiciens en plus des deux solistes ! – mais aussi pour l’ensemble des airs qu’il interprète toujours avec le même brio après l’entracte. Arrive le moment que l’on espérait : la réunion de ces deux « voix basses » qui se fait grâce au duo de la Cantate BWV 42 Actus tragicus, « In deine Hände, befehl’ich meinen Geist ». Un moment tout simplement céleste.

Face à l’enthousiasme qui suit l’ultime cantate, la BWV 82 « Ich habe genug », les deux solistes offrent chacun un bis. Tout d’abord le baryton qui reprend l’un des airs de la soirée, puis la contralto qui laisse entendre ce qui est probablement l’un des plus célèbres airs attribués à Bach, « Bist du bei mir » (même si l’on considère actuellement qu’il serait en fait de Gottfried Heinrich Stölzel). Un superbe moment d’extase qui berce un public déjà pleinement conquis.

Une nouvelle date qui, comme les précédentes, a mené les spectateurs dans un voyage sans fausse note, à la (re)découverte de partitions adroitement choisies et à la rencontre non seulement de Nathalie Stutzmann, mais aussi ce soir d’un nom à retenir : Leon Košavić.

Elodie Martinez
(
Montpellier, le 11 décembre)

© Simon Fowler (pour la photo de Nathalie Stutzmann)

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