Saison 2016-2017 : la Scala se réapproprie le répertoire italien

Xl_scala-2016-2017 © DR

À la Scala de Milan, l’ouverture de chaque nouvelle saison – toujours un 7 décembre – s’impose systématiquement comme un événement lyrique d’envergure et pour inaugurer sa prochaine saison 2016-2017 (tout juste dévoilée à Milan), la maison scaligère a choisi la première version de Madame Butterfly – déjà précédée de Turandot et La fanciulla del West dans le cadre du projet « Puccini » du chef Riccardo Chailly, qui assurera le rôle de directeur musical de la maison milanaise à partir du 1er janvier prochain avec l’ambition de faire revenir au Théâtre Piermarini les œuvres qui y ont vu le jour.
Cette nouvelle production de Madame Butterfly sera mise en scène par Alvis Hermanis (déjà connu du public milanais, après avoir signé deux productions à la Scala, Die Soldaten et I due Foscari), et emmenée par la soprano uruguayenne Maria José Siri dans le rôle-titre (elle aurait été choisie par Riccardo Chailly en personne) aux côtés de Bryan Hymel dans celui de Pinkerton.

L’année 2017 débutera par ailleurs avec trois productions majeures de Verdi.  Don Carlo fera son retour dans sa version en cinq actes, qui n’a pas été donnée à La Scala depuis celle dirigée par Claudio Abbado il y a 40 ans. Donnée dans une reprise de la mise en scène de Peter Stein, la production est confiée à la baguette de Myung-Whun Chung, qu’on sait fin connaisseur du compositeur italien, qui y dirigera notamment Ferruccio Furlanetto, Krassimira Stoyanova et Francesco Meli. Zubin Mehta reprendra le Falstaff repensé de Damiano Michieletto, dont le décor est planté dans la Casa Verdi, emmené par Ambrogio Maestri dans le rôle-titre. Enfin, La Traviata sera donnée au mois de mars dans la production de 1990 de Liliana Cavani, avec Anna Netrebko annoncée dans le rôle de Violetta – une surprise, puisque la cantatrice indique avoir renoncé au rôle depuis maintenant quelques années. Ce sera quoiqu’il en soit l’occasion pour le chef Nello Santi de diriger son premier opéra verdien à la Scala, « dépositaire et gardien des traditions les plus authentiques du mélodrame italien ». Il y dirigera également la reprise de Nabucco présentée en octobre.
Les Maitres chanteurs de Wagner (dans la production imaginée par Harry Kupfer, avec Michael Volle en Hans Sachs sous la baguette de Daniele Gatti) emmèneront le public dans un voyage au cœur de la culture musicale du romantisme germanique, également représentée tout au long de la saison par Hänsel et Gretel et Der Freischütz (dirigé par Myung- Whun Chung et signé Matthias Hartmann, ancien directeur du Burgtheater de Vienne).

Alors qu’en 2016, le souhait de La Scala de remettre le vérisme au goût du jour était incarné par La cena delle beffe d’Umberto Giordano, cette volonté de réappropriation du répertoire italien voulue par Alexander Pereira se poursuivra en 2017 avec le bel canto. C’est ainsi qu’en avril sera donnée Anna Bolena, avec une très jeune interprète issue de l’académie de La Scala dans le rôle-titre, Federica Lombardi. Elle sera soutenue par Bruno Campanella au pupitre, « qui connait le genre du mélodrame italien du début des années 1800 mieux que personne ».
Thomas Hampson incarnera également un Don Giovanni tourmenté, plein de vie et de désillusions, dans la reprise de la production de Robert Carsen, dirigée par Paavo Järvi. La reprise de la production historique de La Bohème mise en scène par Zeffirelli sera par ailleurs l’occasion pour Sonya Yoncheva de faire ses débuts à La Scala, sous la baguette d’Evelino Pidò.
Les commémorations des vingt ans de la mort du metteur en scène Giorgio Strehler seront marquées par la présentation de l’une de ses créations de prédilection, L’Enlèvement au Sérail, dirigée par celui qui la portait lors de son baptême à Salzbourg en 1965, Zubin Mehta, avec notamment Sabine Devieilhe dans le rôle de Blonde. Hänsel et Gretel sera le projet de l’Académie pour cette saison, la production sera mise en scène par Sven-Eric Bechtolf et dirigée par Marc Albrecht, qui travaillent de concert depuis de nombreux mois avec les jeunes artistes pour livrer des performances à la hauteur de l’institution milanaise.
L’un des programmes les plus chers à l’Orchestre de La Scala est de perpétuer l’enseignement des instruments d’époque. Sa prochaine étape sera Tamerlano d’Haendel, qui verra le metteur en scène italien Davide Livermore faire ses débuts dans la maison milanaise, pour mettre en scène Placido Domingo (ici dans un rôle de ténor), Bejun Mehta ou encore Marianne Crebassa dans le rôle d’Irene.

Enfin, pour clore la saison, la maison milanaise donnera le nouvel opéra composé par Salvatore Sciarrino, « Ti vedo, ti sento, mi perdo », pour une première mondiale dont la mise en scène sera signée Jürgen Flimm, grand ami du compositeur lui-même, tandis que Maxime Pascal sera à la baguette.

Si cette nouvelle saison de la Scala de Milan compte moins de nouvelles productions qu’à l’accoutumé au profit de plusieurs reprises emblématiques,  gageons qu’elle sera néanmoins l’occasion de (ré)entendre ou de (re)découvrir de (jeunes ou moins jeunes) interprètes dans le répertoire de prédilection de la maison. 

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