© Teatro La Fenice
La nomination de Beatrice Venezi comme « direttore musicale » de La Fenice de Venise fait polémique : les syndicats de l’institution vénitienne la contestent, ont déposé un préavis de grève pour le soir de la première de Wozzeck ce 17 octobre, et le théâtre annule la représentation.
On l’évoquait récemment, la nomination de Beatrice Venezi comme « direttore musicale » de La Fenice de Venise, en vue d’une prise de fonctions l’année prochaine, s’accompagne d’une polémique qui ne s’essouffle pas. Les syndicats du théâtre vénitien, ainsi qu’une partie du public, jugent la cheffe d’orchestre trop jeune (35 ans) et surtout trop inexpérimentée pour occuper « un poste d'une telle envergure dans une institution aussi prestigieuse que la Fenice ».
Car selon les syndicats, la nomination de Beatrice Venezi aurait été téléguidée par des intérêts plus politiques que musicaux : la cheffe d’orchestre revendique une proximité avec Giorgia Meloni et le parti d’extrême droite Fratelli d'Italia. Et pour enfoncer le clou, ils dénoncent une décision prise dans l’urgence par le nouveau surintendant de la Fenice, Nicola Colabianchi, sans concertation ni transparence.
Depuis fin septembre, les syndicats du théâtre réclament donc l'annulation de la nomination de Beatrice Venezi. De son côté, Nicola Colabianchi campe sur ses positions et les tentatives d’apaisement du maire de Venise, Luigi Brugnaro, restent à ce stade sans effet. Les syndicats de La Fenice ont donc déposé un préavis de grève pour le 17 octobre prochain, soir de le première de Wozzeck, qui doit conclure la saison 2024/25 de La Fenice. Au regard de l’impasse des négociations, le théâtre annonce l’annulation de cette première. À ce stade, les représentations suivantes, à partir du 19 octobre, sont maintenues avec Robert de Candie dans le rôle-titre, Lydia Fridman ou encore Enée Scala.
Si les différentes instances espèrent que « le dialogue sera possible », le surintendant Nicola Colabianchi réaffirme que « le CV de Beatrice Venezi est excellent » et assure avoir « consulté individuellement tous les membres du conseil », qui ont « tous donné leur accord ». Il promet encore n’avoir subi « aucune pression des (autorités politiques de) Rome » quant à la nomination de la cheffe d'orchestre, mais précise néanmoins en avoir accéléré la procédure « pour éviter toute interférence ». De son côté, le syndicat du théâtre (la RSU, la Representación Sindical Unitaria) précise que le maire Luigi Brugnaro « a proposé d'entamer un processus de rencontres exploratoires » entre les musiciens et la future « maestro », mais sans renoncer à sa nomination. Or selon le syndicat, la révocation de cette nomination doit être un préalable aux futures négociations.
En lieu et place de Wozzeck ce 17 octobre, le syndicat annonce l’organisation d’une « réunion publique », ouverte « aux collègues d’autres institutions culturelles » (plusieurs ont exprimé leur solidarité avec les salariés de La Fenice) et à « l’ensemble de la communauté », incluant les spectateurs – dans une lettre ouverte, 140 abonnés de La Fenice annonce leur intention de résilier leur abonnement si Beatrice Venezi devait rester le « direttore musicale » de l’institution vénitienne. Une menace qui ne semble pas ébranler Luigi Brugnaro, qui se dit « convaincu » que « les loges trouveront immédiatement preneur à des prix plus élevés et que le premier concert de Venezi à La Fenice affichera complet avec des billets à des tarifs doublés ». Il affirme aussi son « intention et sa volonté de continuer à maintenir un canal d'écoute et de dialogue ».
publié le 10 octobre 2025 à 10h16 par Aurelien Pfeffer
10 octobre 2025 | Imprimer
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