
Pour faire découvrir l’art lyrique, La Fabrique Opéra invite des centaines de jeunes chaque année à réaliser une production d’opéra. En cessation de paiements, l’association a demandé son placement en redressement judiciaire.
L’idée à l’origine de La Fabrique Opéra est belle : faire découvrir l’opéra à ceux qui n’y vont pas en les impliquant dans la création d’une production lyrique. À l’initiative du chef Patrick Souillot en 2006, l’association mobilise chaque année ou presque plusieurs centaines de jeunes, lycéens, apprentis ou étudiants issus d’établissements d’enseignement professionnel et technique, pour concevoir les décors, costumes, coiffures et maquillages d’une production d'opéra, imaginer sa mise en scène, en orchestrer le son et la lumière ou s’investir dans le chant et la danse du spectacle aux côtés des solistes. Née à Grenoble, l’initiative s’est ensuite déclinée dans plusieurs villes de France, mais aujourd’hui, La Fabrique Opéra grenobloise est en cessation de paiement.
En fin de semaine dernière, faute de pouvoir résorber une dette de 200 000 euros, l’association demandait son placement en redressement judiciaire dans l’espoir d’éviter la liquidation. Le tribunal judiciaire de Grenoble a mis sa décision en délibéré au 12 juin.
200 000 euros de dettes suite à la pandémie
Longtemps, La Fabrique Opéra a pu assurer son équilibre budgétaire grâce à sa billetterie (environ 60% de ses recettes), à laquelle s'ajoutent (ou s'ajoutaient) des subventions. La pandémie de Covid est néanmoins passée par là : les confinements et la mise en pause du spectacle vivant, puis un public qui peine à retrouver le chemin des salles de spectacles ont contribué à creuser les pertes de l’association – d’autant que pour des raisons éthiques envers ceux qui s’étaient investis, Patrick Souillot ne s’est pas résolu à abandonner la production préparée pendant la période Covid : deux productions ont donc été données coup sur coup (et coût sur coût, à raison d’un budget de 450 000 à 600 000 euros pour une production), et le public n’a pas répondu présent autant qu’espéré (de l’ordre de 7 500 spectateurs, contre environ 9 000 avant la pandémie). En outre, du fait de conflits entre les différentes collectivités territoriales locales, l’association a perdu sa subvention de 65 000 euros de Grenoble Alpes Métropole, et doit se contenter maintenant des 4 000 euros octroyés par la Ville de Grenoble et des 18 000 euros apportés par le Département et la Région.
Ainsi, malgré un Faust à l’équilibre l’année dernière et le succès public de West Side Story le mois dernier (qui a attiré quelque 12 000 spectateurs), l’association est aujourd’hui dans l'incapacité financière d'assurer son fonctionnement. Il appartiendra maintenant aux juges de déterminer si La Fabrique Opéra peut avoir un avenir et continuer à faire découvrir l'opéra aux jeunes grenoblois. Les autres entités de La Fabrique Opéra (dans le Val de Loire, en Seine-et-Marne, en Dordogne, dans l’Oise, dans les Hauts-de-Seine, en Bourgogne, en Occitanie-Méditerranée et en Bretagne) ne seront pas concernées par cette procédure de redressement judiciaire.
publié le 10 juin 2025 à 07h31 par Aurelien Pfeffer
10 juin 2025 | Imprimer
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