La compositrice Kaija Saariaho est décédée

Xl_kaija-saariahomaarit-kytoharju-2 © DR

La triste nouvelle vient d’être publiée sur les réseaux sociaux par ses proches : la compositrice finlandaise Kaija Saariaho s’est éteinte à l’âge de 70 ans au matin de ce 2 juin, paisiblement dans son domicile parisien, des suites d’un glioblastome cérébral qui lui avait été diagnostiqué début 2021 et qu’elle savait incurable.

Dans une lettre ouverte signée par son époux, le compositeur Jean-Baptiste Barrière, et ses deux enfants, le metteur en scène Aleksi Barrière et la cheffe et violoniste Aliisa Neige Barrière, ses proches évoquent ouvertement les problèmes de santé dont souffrait Kaija Saariaho, indiquant que sa maladie n’affectait pas ses capacités cognitives, mais sa mobilité (elle se déplaçait en fauteuil roulant). Et selon ses proches, elle aurait souhaité que « son cas contribue à sensibiliser à la nature et à la détection des tumeurs cérébrales », à la condition des personnes immunodéprimées et à mobilité réduite dans l’espace public – incluant les lieux de culture. « Tout cela, elle aurait souhaité que cela se sache ».

On retient tout autant (et peut-être surtout) que Kaija Saariaho a « vécu sa vie pleinement » : une « trajectoire l’ayant menée des cercles musicaux d'avant-garde de Finlande aux scènes européennes (...), lui donnant l'occasion de contribuer à l'âge d'or de la musique électronique, et plus tard d'intégrer une nouvelle compréhension de l'harmonie et de la psycho-acoustique dans la tradition de l'orchestre moderne et de l'écriture d'opéra. Elle a obtenu une reconnaissance universelle de ses pairs et un succès public et critique, tout en ne cessant jamais de se remettre en question pour explorer de nouvelles directions ».

Kaija Saariaho laisse une œuvre riche, comptant plusieurs opéras : L'Amour de loin en 2000, imaginé avec la collaboration du librettiste Amin Maalouf, du metteur en scène Peter Sellars et du chef d'orchestre Esa-Pekka Salonen, qui collaboreront tous de nouveau pour la création de Adriana Mater en 2006. La compositrice retrouvera encore Amin Maalouf pour Émilie, créé à l’Opéra de Lyon en 2010. Son quatrième opéra, Only the Sound Remains, marquera particulièrement les esprits et était redonné en septembre de l’année dernière à l’occasion du Festival Musica de Strasbourg, dans une nouvelle mise en scène de son fils, Aleksi Barrière – on écrivait alors que la « grande richesse musicale et thématique de cet Only the sound remains n’a pas fini de nous faire rêver... ». Il en va de même pour Innocence, qui restera son dernier opéra : l’ouvrage était donné dans le cadre du festival d’Aix-en-Provence en 2021 et dans nos colonnes, Alain Duault soulignait « le choc autant émotionnel qu’esthétique produit par le nouvel opéra de Kaija Saariaho », y voyant une « vraie tragédie contemporaine », un opéra « de ceux dont on comprend d’emblée qu’ils s’installent dans la durée ».

Et c’est manifestement ce que souhaitait la compositrice : dans leur lettre, ses proches écrivent que « Kaija laisse en deuil tous ceux qui l'ont aimée, qui ont bénéficié de sa générosité inlassable et de son soutien artistique perspicace ; mais surtout que la musique audacieuse, sensible et inventive qu'elle a créée (...) nous survivra à tous ». Kaija Saariaho  nous a quittés et c’est une grande tristesse, mais sa musique passe à la postérité.

| Imprimer

En savoir plus

Commentaires

Loading