Francesco Filidei adaptera Le Nom de la Rose en opéra pour la Scala

Xl_le-nom-de-la-rose_dominique-meyer_ingo-metzmacher © Brescia e Amisano

Tout au long de son histoire, la Scala de Milan a entretenu une longue tradition de créations d’opéra et Dominique Meyer n’entend manifestement pas y mettre un terme. Le surintendant annonce avoir commandé un nouvel opéra au compositeur italien Francesco Filidei, adapté d’après Le Nom de la Rose, le best-seller d’Umberto Eco publié en 1980. L’ouvrage doit faire l’objet d’une création mondiale en italien le 27 avril 2025 à la Scala dans le cadre de la saison 2024-2025 de la maison milanaise, suivie d’une reprise en français à l’Opéra national de Paris, coproducteur de l’ouvrage.

Le projet a manifestement été initié dès 2020 et vient d’être officialisé au Ridotto Dei Palchi à Milan, en marge de la 32e édition du Milano Musica Festival dédié à la musique contemporaine – l’œuvre de Francesco Filidei sera au cœur de l’édition 2025 du Festival. Le Nom de la Rose sera le troisième opéra du compositeur (à qui l’on doit déjà Giordani Bruno créé en 2015 à la Casa da Musica Porto au Portugal et surtout L’Inondation, commande de l’Opéra-Comique sur un livret de Joël Pommerat créée en 2019) et promet d’être une œuvre de grande envergure.

Le Nom de la Rose à l’opéra

Le roman d’Umberto Eco est un monument de la littérature et sa trame de polar médiéval a déjà inspiré plusieurs adaptations – au cinéma par Jean-Jacques Annaud en 1986, au théâtre par le dramaturge Stefano Massini en 2017 ou encore sous forme de mini-série en 2019. Et pour adapter l’ouvrage à l’opéra, Francesco Filidei s’appuie sur un livret conçu avec Stefano Busellato et Pierre Senges ainsi qu'avec les dramaturges Hannah Dübgen et Carlo Pernigotti. L’opéra doit en outre se décliner en deux versions, l’une en italien qui sera créée à la Scala, l’autre en français qui fera l’objet d’une création à l’Opéra de Paris.

On le sait, le roman d’Umberto Eco se déroule au coeur de l’Europe médiévale, en 1327, alors en proie à l’Inquisition. Des morts mystérieuses surviennent dans une Abbaye isolée au cœur des Alpes. De passage dans ce lieu froid et austère pour participer à une controverse théologique, le moine franciscain Guillaume de Baskerville et le jeune novice bénédictin Adso de Melk s’appuieront sur l’érudition et la raison pour contrer l’obscurantisme et éclaircir la série de meurtres.

Le Nom de la Rose (Jean-Jacques Annaud)

Pour retranscrire cette histoire sur la scène de la Scala, Le Nom de la Rose prend des allures de grand opéra : un chœur imposant, une quinzaine de personnages sur scène alternant des récitatifs et de grands airs, et des leitmotivs en écho aux différents thèmes théologiques et philosophiques de l’ouvrage. Et pour porter la création dans le théâtre milanais, le rôle de Guillaume de Baskerville sera créé par le baryton lyrique américain Lucas Meachem et celui du jeune Adso par la mezzo-soprano Kate Lindsey, dans une mise en scène confiée à Damiano Michieletto. Pour faire bonne mesure, le chef Ingo Metzmacher doit diriger la production.

Une structure musicale formelle

Si la composition de la partition est toujours en cours, le travail de Francesco Filidei a trouvé son origine dans une question : « quel aurait été le parcours narratif d’Umberto Eco s’il avait été musicien plutôt qu’écrivain ? ». En guise de réponse, le compositeur indique avoir analysé la structure narrative du roman pour la traduire en dramaturgie musicale – en s’appuyant notamment sur les passerelles qui existent entre le roman populaire du XIXe siècle (comme Le Comte de Monte-Cristo) et l'opéra de la même époque (évoquant Don Carlos ou Le Trouvère). Selon le compositeur, les notes du romancier ont surtout été des pistes permettant d’orienter l’adaptation de l’ouvrage puisque Umberto Eco comparait manifestement lui-même son roman à « un mélodrame buffa, avec de longs récitatifs et de grands airs » et indiquait en interview avoir trouvé l’inspiration dans les symphonies de Mahler. Francesco Filidei articule donc son discours musical autour d’une structure symphonique à laquelle il greffe une succession d'arias et de récitatifs, inspirés par la musique grégorienne car « la dimension sacrée du cadre de l’ouvrage justifie le passage de la parole au chant ».

L’opéra de Francesco Filidei repose par ailleurs sur une architecture formelle rigoureuse. Le roman se déroule sur sept jours et l’opéra comptera deux actes divisés en plusieurs scènes : le premier acte couvrira les trois premiers jours du récit, le second les quatre jours suivants (incluant une dernière journée de conclusion). Au sein des actes, chaque scène sera construite sur une note allant crescendo dans la gamme (partant du do pour revenir au do). Selon le compositeur, la structure de son opéra fait ainsi écho au déploiement des pétales d’une rose, mais évoque aussi une architecture labyrinthique en référence à l’abbaye du roman.

L'opéra Le Nom de la Rose se dévoilera à l'occasion d'une création mondiale en avril 2025 au Teatro alla Scala de Milan dans sa version italienne. L’ouvrage sera ensuite repris dans sa version française à l’Opéra de Paris à une date ultérieure. 

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