Disparition de l'emblématique baryton Gabriel Bacquier

Xl_600x337_079_img0800073701 Gabriel Bacquier dans le rôle de Don Giovanni, à l'occasion de la représentation de l'opéra éponyme au festival d'Aix en Provence en 1964, © AFP / Gérard Landau / Ina

Né à Béziers le 17 mai 1924, Gabriel Bacquier restait un des grands barytons français du XXe siècle et vient de s’éteindre aujourd’hui 13 mai, quelques jours seulement avant son 96ème anniversaire.

S’il est d’abord attiré par le dessin, Gabriel Bacquier s’initie tout de même très jeune à l’art lyrique grâce à la collection d’enregistrements de son père, mais c’est finalement presque par hasard que le jeune homme termine par en faire son métier. En effet, il suit sa première passion en s’inscrivant à l’école des Beaux-arts de Montpellier, mais l’Occupation change tout : afin d’éviter le Service du Travail Obligatoire, ses parents parviennent à le faire entrer aux chemins de fer où ils travaillaient eux-mêmes. Afin de s’occuper, il commence à prendre des cours de chant auprès de Mme Bastard, professeure à Béziers, qui repère rapidement les capacités de son élève. C’est d’ailleurs dans sa ville natale qu’il fera ses débuts en Ourrias dans Mireille.

Il se présente au Conservatoire national supérieur de musique de Paris où il est admis en 1945 et dont il ressort diplômé cinq ans plus tard. Il chante ensuite dans des cinémas et des cabarets avant d’intégrer la troupe de La Monnaie de Bruxelles en 1953, puis celle de la RTLN (Réunion des Théâtres Lyriques Nationaux) qui réunit l’Opéra-Comique et l’Opéra de Paris en 1956 suite au conseil de Martha Angelici, vedette de l’Opéra-Comique. Il y fait alors ses débuts en Sharpless dans Madame Butterfly de Puccini en 1956 et Germont dans La Traviata de Verdi en 1958.

Il se fait alors remarquer par le directeur artistique de l’Opéra de Paris, Gabriel Dussurget, qui est également le fondateur du festival d’Aix-en-Provence. Gabriel Bacquier se voit alors confier le rôle de Scarpia dans Tosca avant que ne lui soit proposé le rôle-titre de Don Giovanni au festival d’Aix-en-Provence de 1960. Cette dernière date marque un tournant dans la carrière du chanteur puisque c’est un triomphe qui est en plus capté et diffusé à la télévision partout en Europe. Dès lors, sa carrière est lancée à l’international, lui ouvrant les portes des plus grandes salles étrangères, comme le Lyric Opera de Chicago, Carnegie Hall, le Metropolitan Opera de New York (où il restera à l’affiche pendant 18 saisons), la Royal Opera House de Londres, le festival  de Glyndebourne ou encore l'Opéra d'État de Vienne.

Malgré cette renommée et cette carrière hors de l’Hexagone, le baryton ne renie pas ses racines et foule régulièrement les planches de son pays natal, comme c’est particulièrement le cas à Toulouse où il se produit régulièrement (presque à chaque saison) entre les années 1960 et les années 1990, y comptant de nombreuses prises de rôles. Il reste aussi attaché à l’Opéra Comique, où il fera ses adieux à la scène en 1994, mettant fin à une carrière éclectique : brillant mozartien, il défendait également le répertoire italien, baroque, français (Ambroise Thomas, Massenet, Délibes…), mais aussi l’opérette (Léhar, Strauss, Offenbach).

C’est donc avec tristesse que le monde lyrique, et peut-être plus particulièrement le Théâtre du Capitole, ont appris la disparition aujourd’hui du grand baryton Gabriel Bacquier, chez lui à Lestre dans la Manche.

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