Décès du maestro Jesus Lopez Cobos

Xl_cobos © DR

Vendredi 2 mars dernier, le chef d’orchestre espagnol Jesus Lopez Cobos qui devait notamment diriger Aida à la Wiener Staatsoper les 25, 28 avril et 1er mai prochains est décédé à Berlin des suites d’un cancer. Il était âgé de 78 ans.

Né le 25 février 1940 à Toro (dans la province de Zamora en Espagne), village médiéval où il sera enterré et où la mairie de la ville a annoncé trois jours de deuil après sa disparition, Jesus Lopez Cobos grandit donc sous le franquisme, période durant laquelle « la musique n’avait pas de place réelle » selon ses propres mots. Cela ne l’a toutefois pas empêché de grandir dans une famille musicophile, aimant tout particulièrement Wagner. Il débute dans les chœurs de Malaga (ville où il a déménagé à 6 ans) et se distingue particulièrement dans le chant grégorien. Il poursuit ensuite des études de piano et de composition aux conservatoires de Malaga et de Madrid tout en suivant parallèlement un cursus complet de philosophie qui le mènera à l’obtention d’un doctorat à l’Université Complutense de Madrid.

Finalement, c’est à la musique qu’il se consacre en quittant son pays natal pour Vienne où il étudie de 1966 à 1969 auprès de Hans Swarowsky, tout en remportant le Concours international des chefs d’orchestre de Besançon en 1968. Juste après l’obtention de son diplôme, il s’envole pour la Juilliard School à New-York jusqu’en 1970.

Après diverses collaborations, 1981 marque un tournant dans sa carrière puisqu’il prend alors les rênes de l’Orchestre national d’Espagne, d’abord en tant que chef associé avant de devenir directeur musical de 1984 à 1989. Malheureusement, les rapports difficiles qu’il entretient avec les tutelles rendent la séparation inévitable, entraînant le chef à renoncer à ce titre. 1981 marque également le début de sa carrière de directeur général de l’Opéra de Berlin jusqu’en 1990, année durant laquelle il pose ses bagages à Cincinnati jusqu’en 2000. Durant sa direction, l'Orchestre symphonique de Cincinnati part dans des tournées mondiales, d’abord en Asie en 1990 puis en Europe en 1995. Enfin, toujours en 1981, Jesus Lopez Cobos reçoit le prestigieux prix Prince des Asturies des arts en Espagne.

Entre 2003 et 2010, il retourne dans son pays natal où il devient le directeur musical du Teatro Real au moment où le théâtre renaît. D’après le média El Pais, il est aujourd’hui encore pour beaucoup dans la composition de l’orchestre actuel.

Durant sa carrière, il a également dirigé l'Orchestre de la Suisse romande, l'Orchestre de chambre de Lausanne, l'Orchestre français des jeunes, le Philharmonique de Londres… Sa renommée le conduit un peu partout dans le monde, que cela soit en Europe, au Japon, en Chine, ou aux Etats-Unis. Il collabore aussi régulièrement avec l’Opéra de Vienne où il s’est d’ailleurs rendu en janvier dernier pour Tosca. Toutefois, il avait dû céder la direction de Faust à Michel Plasson à Genève le mois dernier à cause de ses problèmes de santé.

Outre l’empreinte de sa direction, Jesus Lopez Cobos laisse également de nombreux enregistrements et intégrales d’opéra, tant sur CD que DVD, comme Lucia di Lammemoor avec Montserrat Caballé chez Phillips en 1975 ou une autre Lucia avec Diana Damrau, sortie plus récemment chez Erato, en 2015. Toutefois, c’est l’opéra Cosi Fan Tutte de Mozart qui restait son favori parce que cette œuvre « mélange savamment la joie de se savoir en vie et la tristesse de certains passages de notre existence ».

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