Anna Netrebko dans Don Carlo en ouverture de la Scala – et en multiples retransmissions

Xl_don-carlo_teatro-alla-scala_2023_anna-netrebko © Brescia/Amisano - Teatro alla Scala

Ce 7 décembre, la Scala de Milan inaugurera sa saison 2023-2024 avec un Don Carlo « très shakespearien » mis en scène par Lluís Pasqual, concluant ainsi la « trilogie du pouvoir » imaginée par le directeur musical Riccardo Chailly. Et pour interpréter la partition très exigeante de Verdi, on retrouve notamment sur scène Anna Netrebko et Elina Garanča aux côtés de Francesco Meli ou Luca Salsi. La production fera l’objet d’une captation vidéo et sera diffusée partout dans le monde.

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C’est une tradition immuable à la Scala : la saison milanaise s’ouvre toujours un 7 décembre, jour de la Saint Ambroise, saint-patron de la cité lombarde, et la « prima della scala » fait figure d’événement lyrique, mais aussi mondain et médiatique – sans néanmoins le président italien Sergio Mattarella, ni la première ministre Giorgia Meloni cette année, qui ne seront manifestement pas présents pour l’événement, peut-être rebutés par l’image sulfureuse d’Anna Netrebko. Quoi qu’il en soit, pour inaugurer sa 435e saison ce jeudi 7 décembre donc, la Scala a opté pour Don Carlo, dans la version « de Milan » de l’œuvre créée en 1884, en quatre actes et en italien – remaniée par Verdi pour la Scala, après la création parisienne du Don Carlos en français en cinq actes de 1867.

Une mise en scène « shakespearienne » confiée à Lluís Pasqual

Don Carlo a déjà ouvert la saison milanaise à huit reprises, mais cette nouvelle production s’inscrit dans la continuité de la trilogie du directeur musical Riccardo Chailly qui, après Macbeth en 2021 et Boris Godunov en 2022, poursuit ici sa réflexion sur « les coulisses du pouvoir ». Pour l’occasion, la mise en scène est confiée au Barcelonais Lluís Pasqual, qui indique avoir imaginé une lecture « très shakespearienne » de l’opéra de Verdi, dans une scénographie et des décors (signés Daniel Bianco) articulés autour de l’albâtre – le metteur en scène indique en avoir eu l’idée après avoir visité la ville espagnole de Zamora qui abrite de nombreuses œuvres en albâtre. Le minéral presque translucide évoque les églises (la scénographie promet une évocation très religieuse) mais était aussi utilisé dans les riches bâtiments laïcs et cette dualité est précisément l’(un des) enjeux politiques de Don Carlo.


Lluís Pasqual, Anna Netrebko (répétitions de Don Carlo à la Scala)

L’opéra de Verdi fait figure de métaphore de la confrontation qui oppose le pouvoir politique du Roi et les persécutions religieuses de l’Inquisition portées par le Grand Inquisiteur, en même temps que les aspirations à la liberté individuelle et les impératifs du devoir envers l’Etat. Un sous-texte qui affiche forcément une résonnance particulière au regard de l’actualité du conflit israélo-palestinien – tout comme l’année dernière, Boris Godunov affichait déjà un inévitable écho avec le conflit russo-ukrainien.

Les programmations des maisons d’opéra sont néanmoins conçues quatre à cinq ans à l’avance et selon le surintendant de la Scala Dominique Meyer, l’art en est d’autant plus une opportunité de réflexion sur l’état du monde.

Une distribution d'envergure

Au-delà de la mise en scène de ce Don Carlo, cette nouvelle production d’ouverture de la Scala suscite également la curiosité du fait de sa distribution. On le sait, Don Carlo exige six solistes d’envergure capables de surmonter les difficultés de la partition, auxquels s’ajoute le chœur, déterminant dans l’œuvre de Verdi.

L’affiche de cette production d’ouverture devrait relever le défi : Anna Netrebko dans le rôle d’Élisabeth de Valois, l’amoureuse tragique sacrifiée à la raison d’État (interprétée par Maria José Siri pour les deux dernières représentations), aux côtés notamment du ténor Francesco Meli en Don Carlo et du baryton Luca Salsi en Rodrigue, de la mezzo-soprano Elina Garanča en princesse d’Eboli (chantée par Veronica Simeoni aux deux dernières dates) et des basses Michele Pertusi en Philippe II et Jongmin Park dans le rôle du Grand Inquisiteur (en lieu et place de Ain Anger, « indisposé » pendant les répétitions et contraint de se désengager de la production).

Anna Netrebko, Don Carlo - Teatro alla Scala 2023
(c) Brescia/Amisano - Teatro alla Scala

On se souvient que Dominique Meyer avait déjà réuni Anna Netrebko, Elina Garanča et Francesco Meli dans Anna Bolena en 2011 au Staatsoper de Vienne qu’il dirigeait alors. La production viennoise reste dans les mémoires encore aujourd’hui pour la prestation vocale de ses interprètes. Aujourd'hui, le trio reconstitué dans Don Carlo suscite forcément un certain enthousiasme chez les lyricomanes.

Des retransmissions multiples dans le monde

Au-delà de sa dimension lyrique, l’ouverture de la Scala est aussi un événement médiatique et traditionnellement, la production fait l’objet d’une captation, en vue de diffusions partout dans le monde – le 7 décembre 2022, Boris Godunov avait réuni un million et demi de téléspectateurs.

Ce Don Carlo n’y déroge pas : une captation audio et vidéo sera assurée par dix caméras en haute définition, 45 micros répartis dans la fosse d’orchestre et sur la scène, en plus de 15 micros dédiés aux solistes. Au total, la captation de la soirée mobilise une cinquantaine de personnes –  caméramans, opérateurs micro et autres techniciens audio et vidéo –, associées dès les répétitions à au projet artistique.

La production sera ainsi retransmise le 7 décembre à partir de 17h45 à la télévision italienne sur Rai 1 (en 4K), puis à la demande sur RayPlay pendant 15 jours. Ailleurs dans le monde, plusieurs diffuseurs ont négocié des droits de diffusion avec Rai Com, incluant Arte en France et en Allemagne – mais si la chaîne franco-allemande retransmet habituellement l’ouverture en léger différé, elle ne proposera manifestement cette année de diffusion à la télévision qu’à partir du 16 décembre à 22h20 (dès 5h du matin en ligne sur la plateforme Arte Concert). La production sera néanmoins diffusée en ligne ce 7 décembre à partir de 19h30 à cette adresse sur Arte.tv. La « prima della Scala » sera aussi projetée en direct dans certaines salles de cinéma en Espagne, en Suisse, en Amérique latine, ou encore en Australie et en Nouvelle-Zélande, entre autres.

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