Speranza Scappucci sublime le Requiem de Verdi à l'Opéra Royal de Wallonie

Xl_messa © Opéra Royal de Wallonie-Liège

Entre deux représentations d’Il Matrimonio segreto de Cimarosa (nous avons assisté à l’une d’elles), l’Opéra Royal de Wallonie programmait la Messa da Requiem de Giuseppe Verdi, dirigée par la nouvelle (et tellement talentueuse !) directrice musicale de la maison : Speranza Scappucci. L’ouvrage est réputé pour être fétiche à tout(e) chef(fe) italien(ne), un morceau du patrimoine national ayant cimenté l’unité du pays ; c’est ainsi une musique chérie de tous les publics, en raison d’une dramaturgie extravertie.

Dès l’entrée – sotto voce – des Chœurs de l’Opéra Royal de Wallonie (renforcés par ceux de l’IMEP de Namur), on perçoit que la soirée va être exceptionnelle. Ne suffit-il pas, pour réussir le spectacle, de réunir Traviata, Azucena, Alfredo et Philippe II, et de donner libre cours au flamboiement du Dies Irae ? Mais Maestra Scappucci prend une toute autre voie, et construit un haut parcours de spiritualité. Et si l’enthousiasme, la splendeur sonore, le souci des nuances sont bel et bien présents, c’est ici toujours au service d’une vision.

L’Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie se montre ainsi tour à tour grandiose et plaintif, tendre et haletant, et les choristes font particulièrement merveille dans le Sanctus, où s’entend déjà le scintillement délicat du « Fuoco di gioia » d’Otello et les dentelles aériennes du parc de Windsor du dernier tableau de Falstaff. Ils excellent également dans la diction entrecoupée du fameux Dies irae, autant que dans la fougue du Tuba Mirum.

Le quatuor de solistes réuni à Liège est également loin de démériter ! Le liégeois Marc Laho offre une voix énergique et un timbre plein de séduction, alliés à une palette de couleurs riches et un phrasé très musical. La mezzo italienne Sabina Willeit distille un mezzo clair, mais un chant ardent, toujours stylé. Solide et sonore, malgré un vibrato parfois envahissant, Roberto Scandiuzzi frôle l’emphase dans le Confutatis. Enfin, Serena Farnocchia tutoie les frontières de l’expressionnisme dans le Libera me. Contrôlant beaucoup mieux son émission que dans d’autres occasions, et dominant sans problème l’orchestre et les chœurs dans les paroxysmes dramatiques, la soprano italienne est ici à son meilleur, nonobstant les graves de la fin de l’air, pas assez sonores à notre goût...

Messe ou opéra déguisé ? Ce magnifique concert apporte une réponse dépourvue de toute ambiguïté à l’éternelle question de l’identité stylistique du chef d’œuvre de Verdi !

Emmanuel Andrieu

Messa da Requiem de Giuseppe Verdi à l’Opéra Royal de Wallonie, les 26 & 28 octobre 2018

Crédit photographique © Opéra Royal de Wallonie-Liège
 

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