Renée Auphan signe une Traviata "à l'ancienne" à l'Opéra de Marseille

Xl_img_4186_photo_christian_dresse_2018 © Christian Dresse

Pour les fêtes de fin d’année, l’Opéra de Marseille a opté pour l’un des titres les plus classiques du répertoire : La Traviata. La production confiée aux soins de Renée Auphan, ancienne patronne des lieux de 2002 à 2008, témoigne de la même « sagesse », et l’on ne peut  concevoir régie plus classique que celle de l’ancienne soprano reconvertie dans la mise en scène d’opéra. Elle l’a conçue dans un style « zeffirellien », d'un esthétisme léché (quoique mortifère), qui raconte et situe l'histoire, sans agresser la tradition, et donc sans apporter d’éclairage nouveau sur le chef d'œuvre de Giuseppe Verdi. De fait, on cherchera en vain ici un parti pris original et fort, quant la direction d’acteurs se fait des plus discrètes, le spectacle reposant du coup sur les capacités de chacun des protagonistes…  

A ce jeu-là, Nicole Car emporte la palme, qui s’investit avec ardeur et passion dans le personnage de Violetta. La soprano australienne déploie avec talent un métier consommé, avec de superbes piani et son filés. Le III lui est cependant plus favorable, alors que certains aigus du I vrillent dangereusement, mais ce sont dans les passages les plus dramatiques (duo avec Germont, « Amami Alfredo », « Gran dio ! Morir si giovane » qu’elle se montre la plus convaincante. De son côté, Enea Scala est à Alfredo Germont ce que Vittorio Grigolo est au Duc de Mantoue, c’est-à-dire qu’il incarne l’italien séducteur, brillant et chaleureux que l’on recherche dans ces deux rôles. Deux mois après son électrisant Rodrigo (La Donna del lago) ici-même, nous retrouvons avec bonheur son timbre très charismatique et le public marseillais ne manque pas de l’ovationner dès sa scène d’entrée du II. Dans le rôle de Giorgio Germont, le baryton québécois Etienne Dupuis délivre une interprétation sobre mais efficace. Malgré son jeune âge, la voix est bien posée et la projection superbe. Le fameux air « Di provenza il mar » est superbement interprété et sa prestation dans le second tableau du II est très convaincante. On languit de le retrouver - in loco - dans le rôle de Valentin (Faust) au printemps prochain. Enfin, les comprimari sont bons, voire excellents dans le cas de Laurence Janot (Flora), Jean-Marie Delpas (Baron Douphol) et Carine Séchaye (Annina).

En fosse, nous retrouvons Nader Abbassi que nous avions entendu dans Madama Butterfly, il y a deux ans, ici à Marseille. Il est toujours très compliqué de diriger La Traviata, de façon nouvelle, en y ajoutant une touche d’originalité. La plupart des chefs se contentent de diriger la partition simplement, de façon conventionnelle. Rien de cela ici, et le chef égyptien montre la particularité de faire sonner les timbres, restituant à un Orchestre de l’Opéra de Marseille en grande forme son rôle moteur.

Emmanuel Andrieu

La Traviata de Giuseppe Verdi à l’Opéra de Marseille, jusqu’au 2 janvier 2019

Crédit photographique © Christian Dresse

 

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