Marie-Nicole Lemieux subjugue le public de l'Auditorium de Monte-Carlo

Xl_marie-nicole_lemieux___monte-carlo © Emmanuel Andrieu

Repoussé d’avril 20 à novembre 21 pour cause de pandémie, le récital de Marie-Nicole Lemieux a enfin pu avoir lieu dans le cadre de la saison de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, dont elle a été « artiste en résidence » au cours de la saison 19/20. Et c’est à un cycle conviant tour à tour Goethe et Baudelaire, Lieder allemands et Mélodies françaises, que la chanteuse québécoise a convié un public (inhabituellement) clairsemé dans l’immense salle qu’est l’Auditorium Rainier III – mais il est vrai que nous étions en plein week-end de commémoration de la Fête nationale monégasque…

D’emblée, la majesté décontractée de son maintien sait établir avec l’audience une connivence propice à une écoute aussi bienveillante qu’attentive. La facilité de la communication, l’excellence de la diction, et la beauté du timbre font toujours des concerts de la contralto canadienne des moments d’exception. Dès son premier air, le sublime « Kennst du das Land » de Robert Schumann, elle apparaît déjà à son zénith et subjugue le public : voix large et posée, autorité, beauté de la ligne de chant, accents presque wagnériens. Nous n’établirons pas, exercice fastidieux autant pour le rédacteur que le lecteur, la longue liste des airs retenus pour ce concert (donné quelques jours plus tôt à la Salle Gaveau), mais retiendrons certains airs de la seconde partie dédiée à la Mélodie qui coule plus naturellement de source dans son gosier francophone. Sa tenue vocale, ses qualités de style et d’intonation et surtout une diction irréprochable rendent par exemple à L’Albatros d’Ernest Chausson une intensité et un expressionnisme qui bouleversent. L’Invitation au voyage de Duparc qui clôt la seconde partie est de son côté emportée par un souffle d’une musicalité aussi juste qu’expressive, avec une générosité dans le phrasé qui fait courir le frisson le long de notre échine.

Par ailleurs, la complicité évidente avec l’excellent pianiste germano-américain David Blumenthal, en accord parfait avec la chanteuse. En bis, ils proposent un poème de Baudelaire mis en musique par Léo Ferré, Le Flacon, où les talents de diseuse et la variété des expressions de la chanteuse font merveille, puis la Lemieux termine la soirée avec le magnifique air d’Ambroise Thomas (tiré de son opéra Mignon) « Connais-tu le pays ? » avec l’exact format vocal qu’exige cette héroïne (trop rare sur les scènes lyriques), se posant ici comme un modèle de style français. Et c’est un légitime triomphe qu’elle récolte à l’issue de ce dernier morceau !

Emmanuel Andrieu

Marie-Nicole Lemieux en récital à l’Auditorium Rainier III de Monte-Carlo, le 20 novembre 2021

Crédit photographique © Emmanuel Andrieu
 

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