Le triomphe d'Annick Massis dans Maria Stuarda à l'Opéra de Monte-Carlo

Xl_massis © Alain Hanel

Pour passer la rampe, Maria Stuarda de Gaetano Donizetti a besoin de deux interprètes féminines d’exception, capables d’habiter ces rôles écrasants de reines antagonistes… quand bien même en version de concert, option ici retenue par l’Opéra de Monte-Carlo.   

Magnifique Mathilde dans Guillaume Tell (Rossini) in loco en janvier 2015, Annick Massis subjugue cette fois dans le rôle-titre du chef d’œuvre de Donizetti, réservant à l’auditoire monégasque de sublimes moments d’émotion dans les passages élégiaques, distillés avec une ferveur et un raffinement à couper le souffle. Les messe di voce désincarnées de sa prière finale et l’ultime « Ah ! se un giorno da questa ritorte » tirent ainsi les larmes, et lui valent un beau triomphe personnel au moment des saluts. Avec un chant d’un impact moins immédiat, la mezzo italienne Laura Polverelli parvient cependant à offrir des demi-teintes raffinées, notamment au moment de donner corps aux remords qui la rongent lors de la scène de la signature de l’arrêt de mort de sa rivale : l’émission se pare alors de couleurs légèrement diffuses qui ajoutent une touche de nostalgie aux phrases musicales les plus énergiques. Le ténor italien Francesco Demuro confirme ses qualités, surtout remarquables dans l’aigu, en Leicester, mais se montre néanmoins réfractaire à la variété du phrasé donizettien. De leurs côtés, Fabio Maria Capitanucci offre un Talbot élégant et d’une belle tenue stylistique, le coréen In-Sung Sim fait fort impression en Cecil, avec ses imposants moyens de basse, et Karine Ohanyan délivre un chant touchant dans le rôle d’Anna. Quant au Chœur de l’Opéra de Monte-Carlo – toujours aussi magnifiquement préparé par Stefano Visconti -, il fait preuve d’un superbe aplomb.

Placé à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, le chef italien Antonino Fogliani obtient un accompagnement superbe de panache et de vitalité. A la fois nerveuse au plan rythmique et engagée au plan dramatique, sa direction sait pourtant respecter la personnalité des chanteurs qui ne se voient ainsi jamais en danger d’être relégués au second plan.

Bref, encore une grande soirée de belcanto à l’Opéra de Monte-Carlo !

Emmanuel Andrieu

Maria Stuarda de Gaetano Donizetti à l’Opéra de Monte-Carlo - les 11 & 14 décembre 2016

Crédit photographique © Alain Hanel

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