Kazuki Yamada dirige une grandiose Neuvième Symphonie de Beethoven à Monte-Carlo

Xl_9_me_de_beethoven___monaco © Emmanuel Andrieu

Le concert d’ouverture de la saison 20/21 de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo faisait figure d’événement à plus d’un titre.

Pour la séquence émotion, la soirée était dédiée au regretté chef italien Gianluigi Gelmetti, dont les liens avec la formation monégasque étaient forts, puisqu’il l’avait dirigé d’abord entre 1990 et 1992 comme directeur musical, puis de 2012 à 2016 comme directeur musical et artistique. Par ailleurs, l’actuel directeur musical de l’OMPC, le japonais Kazuki Yamada, fait savoir dans le programme de salle que son premier choc musical fut, alors qu’il était âgé de 16 ans, après un concert que le maestro dirigea dans son pays natal. Dans un émouvant discours d’avant concert, le premier violon de l’orchestre lui a rendu un vibrant hommage, avant de demander au public de se lever pour observer une minute de silence en sa mémoire.

Pour la séquence prestige, toute la famille Princière était présente (le public a même dû patienter un bon quart d’heure avant qu’elle ne s’installe dans sa loge tout au fond du parterre), ce qui n’arrive guère que lors de la fameuse Fête nationale du 19 novembre. Et le concert a répondu à toutes nos attentes, se clôturant par une interminable standing ovation dès la fin des dernières mesures, ou plus exactement après un long silence de dix secondes tant l’émotion était à son comble. Mais il faut bien dire que sur le papier tout s’annonçait sous les meilleurs auspices avec un tel orchestre et un tel chef, rejoints par le Chœur Symphonique de Londres (préparé par Simon Helsey) et un quatuor de solistes de haute volée : la soprano Genia Kühmeier, la mezzo Sophie Rennert, le ténor Werner Güra et le baryton Johannes Weisser.

Et de fait, il suffit de quelques minutes à l’ensemble des musiciens – on relève huit contrebasses et des bois doublés – pour que le sortilège opère sur une salle pleine à craquer (la jauge à 70 % ayant été levée la veille, et toutes les places remises dans le circuit vendues entre temps !). L’ultime œuvre symphonique du maître allemand est ici délivrée avec une incroyable énergie, ce qui n’empêche pas, de la part de Kazuki Yamada, une attention aiguë portée aux moindres détails. Il opte pour un tempo « normal » pour les trois premiers mouvements (le mouvement lent se montrant d’une poésie toute crépusculaire…) avant de livrer un « Hymne à la joie » d'une exaltation absolue. Le chef japonais surprend alors par l’urgence étourdissante, et le tempo haletant qu'il imprime aux pages chantées, pour embarquer les choristes comme les solistes dans une véritable ivresse finale. Pour les solistes, on salue la puissance comme l’éloquence de leur voix, ainsi que l’harmonie qu’ils ont ensemble, avec notamment une Genia Kühmeier qui subjugue par des aigus cristallins, même si le dernier qu’elle émet vient à « craquer ». Mais s’il y a un bémol à énoncer, il sera à l’encontre du pupitre des cors dont le nombre de couacs dépasse le raisonnable ce soir... Cependant, le rayonnement de l’orchestre, la vitalité du chœur et le charisme du chef nous font largement oublier ces scories et nous ne retiendrons que l’interminable ovation qui est faite – de manière pleinement méritée – aux quelque 200 artistes réunis sur la scène de l’Auditorium Rainer III de Monte-Carlo.

Bravi Tutti !

Emmanuel Andrieu

La Neuvième Symphonie de Ludwig van Beethoven à l’Auditorium Rainier III de Monte-Carlo, le 26 septembre 2021.

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