Chronique d’album : Les Troyens de Berlioz d’anthologie en coffret chez Erato

Xl_les-troyens-erato-cd-dvd © Erato - Warner Classics

En avril dernier, nous avions eu la chance d'assister à l’une des deux dates exceptionnelles de la version concertante des Troyens donné à Strasbourg : ainsi que nous l'écrivions alors, il s’agissait là « d’un concert extrêmement attendu, "l’événement musical de l’année" d’après l’affiche, et même de "ces dernières années" (au moins à Strasbourg) d’après le discours donné en ouverture ». Le rendez-vous avait été amplement à la hauteur de l’attente que les seize grands noms de l’affiche avaient créée, et nous nous réjouissions d’avance à l’idée de l’enregistrement qui avait été fait lors de ces deux soirées. Après plusieurs mois d’attente, le coffret est à présent prêt et sortira chez Erato le 23 novembre prochain.


Coffret des Troyens et ses CDs ; © Elodie Martinez

L’objet en lui-même a déjà de quoi ravir : à la fois élégant et sobre, peu encombrant, il met en avant l’œuvre avant tout, sans toutefois oublier tous les protagonistes de la réussite globale de la soirée (solistes, chef, chœurs et orchestre). Les photos des onze têtes d’affiche sont d’ailleurs présentes au dos du coffret dont le fond imite le bois, renforçant le rappel au cheval de Troie. Il contient quatre CDs répartis en quatre pochettes qui, une fois assemblées, reforment l’image du cheval présent sur la jaquette du coffret. Un cinquième disque bonus est également présent, incluant 85 minutes environ de vidéos. Outre le petit film publicitaire, ce ne sont pas moins de douze extraits vidéo (répartis dans les cinq actes) que l'on peut voir sur ce DVD afin de revivre cette belle aventure et mieux prendre la mesure de l’investissement des artistes, dont Marie-Nicole Lemieux, totalement habitée par Cassandre et vidée une fois la mort du personnage survenue.

Un épais livret vient compléter le tout afin de satisfaire la curiosité des auditeurs et l’envie de partager cette expérience : outre le livret de l’opéra (qui explique déjà à lui seul une bonne partie du nombre important de pages, à savoir 151), le lecteur / auditeur pourra y trouver de nombreuses photos des répétitions ou des représentations ainsi qu’une note de John Nelson qui parle de cet enregistrement comme étant « sans nul doute l’une des (réalisations les) plus satisfaisantes de (sa) vie de musicien » et appuie sur la dimension collégiale de cette aventure. L’opéra est ensuite expliqué par Christian Wasselin, tant dans l’histoire de sa création que dans le travail qu’elle implique ou encore chacun des actes qui la composent. La coupure des pistes est par ailleurs faite de façon à ce que l’on se retrouve fort aisément dans le texte malgré sa longueur.

Telle une bague de fiançailles, si l’étui est plein de promesses, le bijou doit encore plaire et se montrer à la hauteur de ces dernières. C’est bien entendu le cas ici : la prise de son est remarquable et permet de (re)vivre ces soirées exceptionnelles pour un total d’environ quatre heures d’écoute qui passent, comme lors de la soirée, bien plus vite qu’on ne le croirait. Nous ne reviendrons pas de façon intempestive sur les prouesses réalisées par les protagonistes et renvoyons pour cela le lecteur à notre chronique du concert strasbourgeois. Toutefois, nous avons noté que la chanson d’Hylas, interprétée par Stanislas de Barbeyrac paraissait lointaine à l’écoute, alors que cela n’avait pas été le cas sur scène. L'air d'Iopas (Cyrille Dubois) ressort pour sa part magnifiquement bien, comme si nous étions dans la foule proche du poète au moment où il déverse avec douceur son chant. Si la légère fatigue de Michael Spyres s’entend toujours à peine dans son dernier chant, nous maintenons que cela ne dessert pas le personnage et que l’ensemble de la prestation du ténor reste magistrale.

D’un point de vue générale, l’enregistrement audio permet d’apprécier davantage encore l’excellente prononciation dont chacun fait montre ici, chœurs compris : ces cinq actes sont un réel plaisir à entendre, mais aussi et surtout à écouter. Si, rien que par la promesse papier tout le monde pouvait se douter que cette captation ferait date, il est à présent certain qu’elle est anthologique et fait partie des enregistrements à posséder. De plus, sa date de sortie en fait une très belle idée de cadeau de Noël…

 

Artistes présents sur l'enregistrement (selon l'ordre du livret) :

Enée : Michael Spyres
Chorèbe : Stéphane Degout
Panthée : Philippe Sly
Narbal : Nicolas Courjal
Iopas : Cyrille Dubois
Ascagne : Marianne Crebassa
Cassandre : Marie-Nicole Lemieux
Didon : Joyce Di Donato
Anna : Hanna Hipp

Hélènus, Hylas : Stanislas de Barbeyrac
Priam : Bertrand Grunenwald
Un soldat (acte I), un capitaine grec (acte II) : Richard Rittelmann
Ombre d’Hector, Mercure : Jean Teitgen
Sentinelle I : Jérôme Varnier
Sentinelle II : Frédéric Caton
Hécube : Agnieszka Sławińska

Chœur de l’Opéra national du Rhin
Direction du chœur : Sandrine Abello

Badischer Staatsopernchor
Chef du chœur : Ulrich Wagner

Chœur philharmonique de Strasbourg
Chef du chœur : Catherine Bolzinger

Orchestre Philharmonique de Strasbourg
Direction musicale : John Nelson

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