Giovanna d'Arco ressuscitée à la Scala de Milan

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Comme le veut la tradition, la Scala de Milan a donné ce 7 décembre (jour de la Saint-Ambroise, saint patron de la ville) le coup d'envoi de sa nouvelle saison. Pour la première production du nouveau directeur musical, Riccardo Chailly, la maison a choisi de programmer Giovanna d'Arco, opéra de Verdi créé en ces mêmes murs en 1845, et donné pour la première fois depuis 150 ans dans la cité lombarde.

Assez éloigné des manuels d'Histoire, le livret de Temistocle Solera s'inspire de la Jungfrau von Orleans de Schiller et mêle à la quête spirituelle de Jeanne, deux incontournables du drame verdien : l'entrave paternelle et l'histoire d'amour impossible.

Pour cette nouvelle production, la prestigieuse maison milanaise a fait appel au duo de metteurs en scène Moshe Leiser / Patrick Caurier qui, tout en restant fidèle à son esthétique stylisée, a choisi de résoudre les incohérences du livret en interprétant le récit des aventures de la pucelle d’Orléans, comme le songe d'une femme internée dans un asile d’aliénés et s'imaginant être Jeanne d'Arc.

Mais outre le mérite de donner à voir et entendre une oeuvre de jeunesse de Verdi, la véritable valeur ajoutée de cette production est sans conteste la présence dans le rôle-titre de la soprano Anna Netrebko (gratifiée de 11 minutes d'applaudissements par le public milanais à l'issue de la représentation). 

Accompagnée d'une distribution plus qu'honorable - notamment le baryton Devid Cecconi, remplaçant un Carlos Alvarez souffrant dans le rôle de Giacomo, et le ténor Francesco Meli incarnant un Carlo VII majestueux tout d'or vêtu - la chanteuse surplombe l'ensemble d'une technique rompue aux pires difficultés du chant verdien. Armée d'une voix toujours aussi charnue et d'un timbre toujours aussi onctueux, la soprano affronte sans peine les coloratures redoutables, les changements de registre, déployant une énergie digne de l'héroïne française.

Dans la fosse, c'est d'une baguette noble et maniant un art consommé de l'équilibre entre l'orchestre - merveilleux orchestre de la Scala ! - et le plateau, que le maestro italien Riccardo Chailly, a enchanté cette partition de Verdi, justifiant, presque à lui seul, l'exhumation de l'opéra.

Albina Belabiod

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