Ralph Fiennes met en scène Eugène Onéguine à l'Opéra de Paris : la direction d’acteurs

Xl_ralph-fiennes-eugene-oneguine-opera-de-paris-2026 © Ralph Fiennes, Opéra de Paris

Après avoir interprété le rôle du dandy mélancolique et désenchanté au cinéma, Ralph Fiennes va mettre en scène Eugène Onéguine, de Tchaïkovski, à l’Opéra de Paris. Le comédien attache une importance particulière à la direction d’acteurs pour souligner le réalisme des personnages et la vérité des émotions. 

C’est l’une des surprises de la saison 25/26 de l’Opéra de Paris : le comédien Ralph Fiennes va signer sa première mise en scène d’opéra avec une nouvelle production d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski, donnée à partir de janvier prochain au Palais Garnier.

Comment est né ce projet de confier une mise en scène d’opéra au comédien britannique, qu’on connait principalement pour ses rôles au cinéma (de La Liste de Schindler au Patient anglais en passant par le rôle de Lord Voldemort dans la saga Harry Potter) ? Et pourquoi l’opéra de Tchaïkovski ?

Une proposition de Semyon Bychkov

L’idée a d’abord germé dans l’esprit du chef d’orchestre Semyon Bychkov. L’Opéra de Paris l’a invité à diriger une nouvelle production d’Eugène Onéguine, et le chef a soumis le nom de Ralph Fiennes à Alexander Neef pour la mise en scène. Il faut dire que le comédien n’est pas étranger à l’univers du personnage. Il l’a découvert dans le poème de Pouchkine lors de ses études d’art dramatique, a développé « une affinité particulière » avec ce personnage qui l’a ensuite accompagné pendant des années, avec le rêve de pouvoir l’interpréter dans une adaptation au théâtre ou au cinéma. Et à défaut qu’on lui propose le rôle, il s’est attelé à une adaptation : en 1999, il interprète le dandy russe au cinéma dans Onegin, film réalisé par sa sœur Martha Fiennes. Pendant des années, Ralph Fiennes dit s’être immergé dans l’univers de Pouchkine, compilant une « bibliothèque entière » d’ouvrages et de photographies ayant trait au personnage et à la culture russe de l’époque.

Est-ce suffisant pour signer une mise en scène d’opéra ? L’avenir le dira. Le comédien précise néanmoins s’être interrogé sur sa légitimité à mettre en scène un opéra, avant d’estimer en être capable – avec l’aide de Semyon Bychkov pour la partie musicale (tout ce qu’il sait, dit-il, « c’est que c’est de la musique qui me touche et m’émeut »). Ralph Fiennes apparait très humble face à l’opéra, définissant son rôle comme étant « d’essayer de comprendre l’œuvre de Tchaïkovski pour lui donner vie sur scène ». Un « merveilleux apprentissage » auprès des équipes de l’Opéra de Paris qui l’accompagnent.

Un Eugène Onéguine ancré dans une forme de réalisme

Et manifestement, le « metteur en scène » Ralph Fiennes n’entend pas révolutionner la lecture de l’ouvrage. Eugène Onéguine est défini par son compositeur comme un enchainement de « scènes lyriques » qui s’articulent dans une chronologie non linéaire. Comme un « album photo dans lequel le public est invité est à faire le lien entre les scènes ». Une dramaturgie « incroyablement moderne » que le comédien dit vouloir aborder dans une perspective axée sur le réalisme des personnages et la vérité des émotions.

En tant que comédien et metteur en scène, Ralph Fiennes attache manifestement une importance particulière à la direction d’acteurs : les chanteurs devront aussi se faire comédiens, de sorte que le chant exprime également des intentions théâtrales claires. À commencer par Onéguine, défini en russe comme un homme « superflu », n’ayant pas de rôle dans la société, à la fois mélancolique et désenchanté.

Et si Ralph Fiennes s’est appuyé sur Semyon Bychkov pour réunir la distribution vocale, il avait néanmoins un impératif : que les chanteuses et chanteurs soient physiquement crédibles dans leur rôle respectif, notamment en termes d’âge. L’Opéra de Paris a donc réuni une distribution d’interprètes trentenaires, et néanmoins très expérimentés, pour chanter les rôles principaux. Pour endosser le rôle-titre, Boris Pinkhasovich n’a plus grand-chose démontrer dans le répertoire russe ; Bogdan Volkov fait un Lenski de rêve ; la soprano arménienne Ruzan Mantashyan a chanté Tatiana sur de nombreuses grandes scènes, de Hambourg à Liège, au Komische Oper Berlin ou à l’Opéra d’Etat de Vienne... Pour faire bonne mesure et faire écho à cette jeune distribution, quelques légendes lyriques endosseront aussi les rôles de personnages plus âgés, comme la mère de Tatiana, Madame Larine, confié à Susan Graham ou celui dans la vieille gouvernante Filippievna à Elena Zaremba (elle qui débutait sa carrière en chantant Olga).

Si les mises en scène d’opéra d’acteurs ou réalisateurs de cinéma n’ont pas toujours été de franches réussites, gageons que cette nouvelle production d’Eugène Onéguine par Ralph Fiennes a néanmoins de quoi piquer la curiosité des lyricomanes. Elle sera donnée sur la scène du Palais Garnier du 26 janvier au 27 février 2026.

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