Moneim Adwan, passeur de mémoires

Xl_moneim-adwan2 © DR

Monein Adwan joue du oud, du saz, du ney, du duduk... Compositeur, oudiste, chanteur-acteur palestinien (il est né à Rafah, dans la bande de Gaza), Monein Adwan transmet sa connaissance des traditions musicales en composant à partir de poèmes d’auteurs arabes et palestiniens classiques et contemporains. Cette appropriation, à la fois savante et populaire, révèle son ouverture aux autres cultures et à la création au travers d’une carrière atypique. 
Depuis plusieurs semaines déjà, la presse s’est emparée de son actualité avec la présentation de Kalila Wa Dimna, opéra chanté en langue arabe, présenté en création mondiale au Festival d’Aix-en-Provence 2016. En redonnant vie à ce recueil dont la première version arabe fut établie par le lettré iranien Ibn al-Muqaffa', Moneim Adwan alerte le spectateur. Les fables de Kalila mettent en scène des animaux qui, sous couvert de leurs apparences, dénoncent les travers humains et la société de leur temps. La mise en scène d’Olivier Letellier participe à la réussite de cette oeuvre, chantée en arabe et parlée en français.
Un complice avec qui il a déjà travaillé lors de la création de « La colombe, le renard et le Héron » (texte qui appartient à l’appendice du Kalila), en mai 2014, au Théâtre du Jeu de Paume d’Aix-en-Provence. 

« Je compose en étroite collaboration avec Olivier Letellier pour savoir ce qu’il imagine sur la scène à tel ou tel moment musical, témoigne Moneim Adwan. Nous constituons une équipe car la musique doit traduire ce qu’il y a sur scène. Cela demande du temps ».


Kalîla Wa Dimna - Festival d'Aix-en-Provence 2016


Kalîla Wa Dimna - Festival d'Aix-en-Provence 2016

Installé en résidence au Festival d’Aix depuis 2009, le compositeur a aussi travaillé à de nombreuses reprises avec Bernard Foccroulle, l’actuel directeur, qui déclarait lors de la présentation du Festival 2016 : « Son chant est une émotion absolument directe, une émotion que nous avons un peu perdue et que nous retrouvons avec sa musique ».
Autre complice, Françoise Atlan, artiste de racine judéo-berbère, ambassadrice de traditions judéo-espagnole et judéo-arabe avec laquelle il collabora dans le cadre de « Nawah ». Monein Adwan la retrouvera les 25 et 26 juillet 2016 au Festival de Chaillol  pour la création de « A la croisée des rêves », méditation poétique et musicale autour de l’ouvrage Le Prophète du poète libanais, Khalil Gibran. Immense succès littéraire, l’ouvrage combine sources orientales et occidentales sur le mysticisme présenté sous forme poétique. Une rencontre entre la lumière de l’histoire musicale du Maghreb et celle du Proche Orient à laquelle sera associé Colin Heller, violoniste de 21 ans, découvert lors de séances d’improvisation avec l’Orchestre des jeunes de la Méditerranée en 2014.. 

Riche de ces expériences, Monein Adwan poursuit en parallèle une carrière internationale sur les scènes européennes et méditerranéennes où il délivre inlassablement ses messages d’amour et de tolérance. Fin 2012 et en 2013, il donna notamment  une série de concerts en hommage au Printemps arabe en Jordanie, Syrie et Egypte. Depuis 2013, en compagnie de Sophie Vander Eyden (luth) et Clare Wilkinson (voix), il a présenté de nombreux concerts inscrits dans le cadre de Divine Madness, un projet (qui a fait l’objet d’une parution discographique) mêlant ses compositions à de la musique baroque.
En 2014, il se produit à l’Institut du Monde Arabe à Paris. Un  projet avec Jean-Marc Aymes (Concerto Soave) le mène aux quatre coins de l’Europe,

Monein Adwan dirige également le chœur amateur multiculturel Ibn Zaydoun avec lequel il aborde un large répertoire arabe de chants traditionnels du Moyen-Orient et de poésies arabes anciennes et contemporaines, sur ses musiques originales. Il a  initié cette fondation en 2008 avec l’interprétation du Choeur des esclaves de Zaïde (Mozart), dans une mise en scène de Peter Sellars. Face au succès, une expérience similaire a été développée à la Cité de la Musique à Marseille puis à Lodève (84) avec la fondation du chœur Zeryab.
La formation chorale Ibn Zaydoun est composée de plus de trente amateurs venus d’horizons diversifiés. Elle est ouverte à tous et les ateliers, proposés au Patio à Aix Jas de Bouffan et à la Cité de la Musique de Marseille, sont gratuits.
Des concerts sont proposés chaque année dans le Pays d’Aix et à Marseille ainsi que des interventions musicales auprès de structures sociales. En 2013, le Chœur Ibn Zaydoun s’est produit dans le cadre des Voix de Silvacane, à la Roque d’Anthéron et à la Cité de la Musique à Marseille. Un CD, qui regroupe une sélection de son répertoire, a été enregistré cette même année et conserve le travail du chœur depuis sa création en 2008.

« Pour autant, précise l’auteur compositeur qui a appris dans sa jeunesse la cantillation coranique (le tajwîd) et chante depuis son enfance le répertoire populaire et classique arabe, je vis depuis en France depuis plusieurs années et j’ai absorbé beaucoup de la culture européenne ». Mariage réussi donc pour cet artiste infatigable qui sait alterner les genres : projets nourris par des univers musicaux les plus divers, événements créés avec des amateurs ou compositions plus personnelles.

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Après sa création dans le cadre du festival d'Aix-en-Provence 2016, Kalila Xa Dimna sera donné en tournées :

  • Opéra de Lille : cinq représentations entre les 11 et 14 décembre 2016 (à cette occasion Mouneim Adwan présentera un concert en trio et une master class de Oud) ;
  • Opéra de Dijon : trois représentations du 11 au 14 mai 2017 ;
  • Reprise à la Philharmonie de Paris le 19 mai 2017.
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