Les Noces de Figaro, « Folle journée » de Patricia Petibon à Aix-en-Provence

Xl_noce-de-figaro © DR

Patricia Petibon reste fidèle à Mozart. Au printemps dernier, elle interprétait Donna Anna dans le Don Giovanni donné à l’Opéra Bastille. Ce jeudi 5 juillet 2012 qui inaugure l’édition 2012 du Festival international d’art lyrique d’Aix en Provence, on retrouve la soprano dans la cour de l’Archevêché où elle incarne Suzanna, la camériste de la Comtesse Almaviva, clairvoyant personnage des Noces de Figaro.
A l’issue des quatre actes de ce « conte des tourments de l’amour » menés grand train entre farce et vague à l’âme, Figaro aura enfin épousé Suzanna et leurs aventures auront donné lieu au plus exaltant des opéras de Mozart, composé à partir du livret de Lorenzo da Ponte et inspiré du Mariage de Figaro, la comédie de Beaumarchais au sous-titre évocateur, « la folle journée ». Et des premières lueurs de l’aube aux ombres du soir, le château du comte Almaviva est le théâtre de moult rebondissements.

Encline à se couler dans le vêtement de personnages à la psychologie marquée (Lulu d’Alban Berg ou Despina dans Cosi Fan Tutte), Patricia Petitbon relève ce nouveau défi, se considérant « désormais prête à endosser ce rôle de maturité ». Un rôle qu’elle a déjà chanté, mais aussi personnage sur mesure pour la très charismatique soprano colorature, requérant à la fois des qualités théâtrales et musicales. L’interprète voit en effet en Suzanna, le personnage central (et « très mozartien ») des Noces de Figaro, évoluant « près de la comtesse mais aussi sa rivale, séductrice mais confronté au comte, tout en étant proche de Figaro » et dont l’ambiguïté et la complexité soulignent l’humanité. « Moteur de l’œuvre » selon le chef Jérémie Rhorer qui entend souligner toutes les différentes facettes du personnage, Suzanna est aussi pour Patricia Petibon « une soubrette consciente de sa condition, mais faisant montre d’une véritable noblesse, d’une loyauté, d’un courage et d’une vraie liberté », autant d’états soulignés par un langage musical qui évolue tout au long de l’œuvre pour mener au grand air du rôle, au dernier acte, en forme de sérénade amoureuse qui anticipe la volupté d’une nuit de noces.

Particulièrement vivant, frondeur mais d’une exceptionnelle lucidité, le personnage de Suzanna vient ainsi enrichir la carrière de la soprano battante et sensible qui dit toutefois «  avoir encore peur de certains rôles ». Ici, les admirateurs de Patricia Petitbon seront tout à leur bonheur car l’interprétation de Suzanna mise en scène par Richard Brunel dans le cadre de cette nouvelle production transposant l’œuvre de Mozart dans un contexte contemporain, requiert une forte présence du début à la fin de ce « dramma giocoso » (le rôle de Suzanna est l’un des plus longs de l’histoire de l’opéra) créé en 1786 au Burgtheater de Vienne et, qu’à l’occasion, Mozart dirigea lui-même. 

Passionné du compositeur autrichien, Jérémie Rhorer dirige ici Le Cercle de l'harmonie, son propre orchestre qui joue sur des instruments d'époque. Patricia Petibon (Susanna), Paulo Szot (Il Conte di Almaviva), Malin Byström (la Contessa di Almaviva, très habituée des rôles mozartiens interprétés de Salzbourg à Covent Garden), Kyle Ketelsen (Figaro) ou la mezzo-soprano américaine Kate Lindsey, familière du rôle de Chérubin, seront accompagnées par le choeur baroque des Arts florissants du 5 au 27 juillet 2012, tout au long de cette 64ème édition du Festival.

Crédit photo © Boris Horvat / AFP

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