Fidelio nous confronte aux grandes questions existentielles

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Pour Helga Rabl-Stadler, présidente du Festival de Salzbourg, le plus beau passage de Fidelio est celui où Leonore descend dans la prison et ne reconnait pas son mari Florestan du fait de sa maigreur : « elle dit alors "qui que vous soyez, je vais vous sauver", non parce que c’est son époux, mais parce que quiconque est injustement emprisonné doit être sauvé... je trouve cette déclaration d’une fantastique humanité ».

L’unique opéra de Beethoven, avec ses idéaux politiques et utopiques, revêt des défis tout aussi uniques pour toute équipe artistique qui entend en réaliser une nouvelle production aujourd’hui.

D’après Franz Welser-Möst, qui dirigera l’opéra au cours de ce mois d’août au Festival de Salzbourg dans la nouvelle production mise en scène par Claus Guth et qui indique avoir « évoqué Fidelio avec de nombreux réalisateurs différents », « c’est une œuvre très compliquée à mettre en scène. Cette œuvre est une vision d’une idée politique et philosophique. Elle porte des idées issues du siècle des Lumières – la fraternité et la liberté, notamment. Beethoven y a mis l’accent sur l’inaccessibilité de l’utopie, et nous pouvons littéralement l’entendre dans la musique ».

Welser-Möst dirige l’Orchestre Philharmonique de Vienne et un casting trié sur le volet pour la production. « Aucune maison d’opéra au monde n’est capable de réunir un casting de très haute volée tous les soirs. Un festival le peut. Mais il ne s’agit pas d’aligner une série de stars au hasard. C’est comme en sport. Bien sûr, vous pouvez acheter les meilleurs joueurs et les réunir. Mais ça n’en fait pas forcément une grande équipe. C’est la même chose en musique. Et pour Fidelio, nous avons exactement l’équipe que j’espérai ».

Cette équipe intègre Jonas Kaufmann dans le rôle principal de Florestan. Pour Andreas Grossbauer, président du Philharmonique de Vienne et violoniste de l’orchestre, « Jonas Kaufmann est le Florestan parfait ». « Il n’a pas seulement la merveilleuse voix de ténor et la superbe technique que le rôle requiert, il est aussi un excellent acteur ».

Grossbauer voit également en Fidelio un « défis opératique », mais selon lui, il y a des défis que son orchestre est particulièrement qualifié pour relever.

« Le Philharmonique de Vienne entretient une relation très spéciale avec Beethoven. Parce que ses symphonies étaient particulièrement exigeantes pour l’époque, elles nécessitaient un orchestre symphonique professionnel, et c’est l’une des raisons ayant conduit à la fondation du Philharmonique de Vienne par Otto Nicolai en 1842, tout juste quinze ans après la mort de Beethoven. Plusieurs musiciens de la première génération de l’orchestre ont connu Beethoven personnellement et auraient sans doute pu jouer durant la première soirée de l’opéra en 1814 ».
Et d’ajouter qu’avec Franz Welser-Möst, l’orchestre a un chef parfaitement apte à appréhender les exigences de la partition.

Grossbauer précise : « Nous apprécions tout particulièrement le style très clair et distinctif des répétitions très concentrées de Welser-Möst ». « Il est toujours en quête d’une meilleure compréhension de la musique et trouve un juste équilibre entre l’orchestre dans la fosse et les artistes sur scène, de sorte de les faire évoluer de concert. À Salzbourg, où nous jouons avec de grands artistes, chaque représentation est ainsi marquée d’une touche artistique unique, ce qui fait de chaque soirée d’opéra une expérience spéciale ».

Salzbourg s'impose comme la seconde maison du Philharmonique de Vienne depuis 1877. L’orchestre a donné ses premiers concerts en 1922 dans le tout jeune Festival de Salzbourg, sous la baguette du compositeur Richard Strauss, et s’y est produit tous les ans depuis 1925. Et selon Grossbauer, les paysages montagneux environnant la ville ont nourri l’inspiration de compositeurs comme Mahler, Strauss et Bruckner, et continuent d’inspirer les musiciens de l’orchestre lors de leurs performances dans le cadre du Festival.

« Il y a tant de possibilités pour trouver l’inspiration. Fidelio n’est pas une pièce de musée. C’est un opéra porteur d’un message particulièrement fort, encore aujourd’hui. Leonore est une femme pleine de courage, prête à prendre des risques pour agir contre un système politique brutal et corrompu. Elle devient un symbole de liberté, de justice et d’émancipation ».

Welser-Möst aussi, voit en Fidelio un opéra du XXIème siècle. « Nous avons toujours cette envie, ce désir de liberté, partie intégrante de notre système ». « Et nous devons trouver comment définir ce sentiment. Qu’est-ce que la liberté ? Beethoven nous rappelle simplement qu’elle existe ».
« Fidelio a assurément quelque-chose à nous dire encore aujourd’hui : l’amour, la mort, la liberté – tous ces thèmes restent éminemment prégnants. Et le art nous confronte toujours à ces grandes questions existentielles ». 

Article issued from the International New York Times, not engaging the redaction of Opera Online, and which we reproduce the content with their kind permission.
Center stage: Teatro alla Scala was produced by the T Brand Studio international department and did not involve the International New York Times reporting or editorial departments.

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