Mirella Freni s'éteint à l'âge de 84 ans

Xl_a4dvqgwz © Ken Howard

Après la triste disparition de « papa Santi », la famille lyrique est à nouveau touchée, à peu de jours d’intervalle, par une autre bien triste nouvelle : celle du décès hier 9 février de l’une des plus grandes sopranos italiennes, Mirella Freni, à son domicile de Modène à l’âge de 84 ans, des suites d’une longue maladie dégénérative.

Cette immense artiste est née le 27 février 1935 à Modène, tout comme Luciano Pavarotti avec qui elle entretenait une grande amitié et de nombreuses expériences de scène communes. Leur deux mères travaillaient d’ailleurs dans la même usine, ce qui a eu pour conséquence de leur faire partager la même nourrice, avant qu'il ne partage un destin lyrique commun !

Mirella Freni a débuté la musique très tôt, elle interprète même « Un bel dì, vedremo » (de Madama Butterfly) dans un radio-crochet à l'âge de dix ans, mais face au risque de perdre sa voix, elle attendra plusieurs années avant de reprendre le chant, à l'âge de 17 ans. Elle fera alors rapidement ses débuts dans l’opéra de sa ville natale, deux ans plus tard, dans le rôle de Micaëla (dans Carmen). Bien qu’on lui propose déjà plusieurs rôles, elle préfère mettre sa carrière entre parenthèses afin de se consacrer à sa vie de famille, avant de la reprendre en 1958 à l'occasion d’un concours de chant, mais surtout dans le rôle de Mimi (La Bohème) au Teatro Regio de Turin. Elle reprendra ce rôle à de multiples reprises et le marquera de son empreinte indélébile, au point de s'imposer comme l’une des plus grandes Mimi que l’on connaisse aujourd’hui encore.

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C’est au cours des années suivantes qu’elle touche pleinement un public international, notamment grâce au rôle d'Adina de L'Elixir d'amour dans la mise en scène de Franco Zeffirelli à Glyndebourne, où elle chantera également les rôles de Suzanna et de Zerlina en 1960 et 1962. Entre ces deux dates, en 1961, Mirella Freni fait ses débuts au Covent Garden de Londres en Nanetta, dans Falstaff, puis à la Scala de Milan en 1963 où elle rencontre pour la première fois le maestro Herbert von Karajan dont elle devient rapidement l’une des cantatrices favorites et privilégiées. Ils collaboreront dans de nombreuses productions et divers concerts durant leur carrière respective. C’est donc naturellement qu’elle participera en 2000 au premier concert commémoratif à la mémoire du chef, sous la baguette de James Allen Gähres au théâtre d'Ulm.

En 1965, elle fait ses débuts au Metropolitan de New-York dans ce rôle de Mimi qu’elle sublime tant. Elle participe aussi aux adaptations cinématographiques de Madama Butterfly ou encore Des Noces de Figaro imaginées toutes deux par Jean-Pierre Ponnelle. Elle aborde ensuite des rôles verdiens plus lourds en 1979-1980, avec notamment Elisabetta de Don Carlo, Desdemona d'Otello, Amélia de Simon Boccanegra, Elvira d'Ernani, Leonora de La Forza del Destino ou encore le rôle-titre d'Aïda. Elle ne s’arrête toutefois pas là et continue d’étoffer son répertoire dans les années 1990, avec l’opéra vériste et le répertoire russe dans lequel elle s’aventure grâce à son mari, la basse bulgare Nicolai Ghiaurov. Elle publie également ses mémoires sous le titre Mio Caro Teatro, et reçoit de nombreux titres en reconnaissance de son art, ainsi qu'un doctorat honoris causa de l'Université de Pise pour « sa grande contribution à la culture européenne » et un Gramophone Classical Music Awards pour l'accomplissement d'une vie en 2002.

Le 11 avril 2005, elle fait ses adieux à la scène à l'Opéra national de Washington en interprétant, à l'âge de 70 ans et après un demi-siècle de carrière sans fausse note, Jeanne d'Arc jeune fille dans La Pucelle d'Orléans. Elle laisse derrière elle une impressionnante discographie, majoritairement italienne – et un grand vide dans le cœur de bien des lyricophiles.

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