De la maison des morts - Z mrtvého domu

Informations Description
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Informations générales

  • Compositeur:Leoš Janáček
  • Librettiste:Leoš Janáček
  • Date de création:1930
  • Lieu de création:Tchèque, république
  • Nombre d'acte:3
  • Langue originale:Tchèque
  • Maison d'opéra de la production originale:Národní divadlo Brno

Description de l'Œuvre

Description Acte 1Acte 2Acte 3

La disparition de Janacek le 12 août 1928 laisse inachevé le travail de correction de De la Maison des morts, son dernier opéra auquel il se consacrait depuis février 1927. Alors qu’il lui reste à corriger le dernier acte et qu’il continue à faire ses ultimes remarques à ses copistes habituels, le musicien est foudroyé par une pneumonie. Déroutés par une orchestration dépouillée et un contenu proche de l’épure, deux fidèles élèves de Janacek pensent être en présence d’une partition inachevée. Osvald Chlubna et Bretislav Bakala se lancent alors dans une entreprise de révision qui va jusqu’à doter l’ouvrage d’une nouvelle fin optimiste sous forme d’un « hymne à la liberté ». C’est ainsi modifiée et étoffée que l’œuvre est créée et publiée en 1930. Il faudra attendre 1980 pour que le chef d’orchestre Sir John Mackerras et le musicologue John Tyrrell établissent une partition qui s’appuie sur des sources authentiques : les cahiers des copistes portant les dernières révisions de Janacek. Le compositeur avait choisi d’adapter lui-même Souvenirs de la Maison des morts, le roman de Dostoïevski relatant sa douloureuse expérience de prisonnier politique dans un bagne de Sibérie. Reprenant une technique qu’il avait déjà utilisée pour La Petite Renarde rusée (1924), Janacek élabore son livret en réalisant un collage de phrases de Dostoïevski parfois reprises directement en russe sans traduction. De la Maison des morts marque une nette rupture avec la narration traditionnelle : la fragmentation du texte a pour corollaire la fragmentation du récit qui s’affranchit des nécessités logiques d’une progression dramatique. Il n’y a donc pas de personnage central mais une collectivité, celle des bagnards, individualisée par différentes narrations. Chaque acte recrée sous forme de récits individuels l’atmosphère oppressante et violente des principaux moments de la vie du camp. Le chanteur-narrateur de chacun de ces récits juxtaposés devient aussi acteur en imitant les personnages qu’il met en scène : d’où des changements de registre et de couleur comme dans le long monologue de Chichkov à l’acte III. Ce rôle de baryton particulièrement difficile implique la nécessité de prêter sa voix à tous les personnages évoqués. La distribution est entièrement masculine même si le personnage du jeune Tatar, Alieïa, peut être confié à un soprano travesti. Les tensions proches de l’hystérie qui traversent cette société exclusivement masculine font évidemment penser au Billy Budd (1951) de Benjamin Britten. Le lecteur de Jean Genet (1910-1986) retrouvera aussi des similitudes avec l’univers carcéral de Notre-Dame des Fleurs (1951). Le langage musical de Janacek s’épure jusqu’au dépouillement. Un lyrisme déchirant parcourt la partition qui tend à recréer les sons réels de l’univers carcéral, bruits de chaînes ou d’outils. Un ample réseau de motifs traduisant la souffrance, la désolation ou la cruauté assure un continuum angoissant.  De la Maison des morts est un opéra qui s’inscrit dans la mémoire du spectateur par la puissance de son réalisme qui rend palpable la douleur et la déchéance derrière lesquelles on perçoit cependant cette lueur évoquée par l’épigraphe de l’opéra : « en chaque créature il y a une étincelle divine ».

Résumé

Dans la cour intérieure d’un bagne de Sibérie, sur les bords de la rivière Irtych, chacun vaque à ses occupations matinales. Un nouveau prisonnier arrive. Il s’agit d’un noble du nom de Goriantchikov qui se présente comme un prisonnier politique. Il attire la compassion du jeune Alieïa auquel il propose d’apprendre à lire et à écrire. Plus tard Goriantchikov est amené à soigner le jeune homme blessé. Plusieurs prisonniers font le récit des drames qui les ont conduits au bagne. Goriantchikov finit par apprendre qu’il va être libéré.

Acte 1

C’est le matin. Dans la cour du bagne on s’affaire en attendant l’arrivée d’un nouveau prisonnier. Quand se présente Goriantchikov, le Commandant ordonne qu’on lui ôte ses vêtements et qu’on lui rase la tête. Goriantchikov reçoit cent coups de verge quand il dit qu’il est un prisonnier politique. Ses cris de souffrance lui attirent la compassion d’un jeune prisonnier Tartare, Alieïa.  Le Grand prisonnier a attrapé un aigle qui, blessé, ne peut plus s’envoler. Skouratov veut raconter son passé à Louka, mais pris de folie, il n’achève pas et se met à danser. Louka raconte alors comment il a planté un couteau dans le ventre d’un commandant.

Acte 2

Un an a passé. Goriantchikov s’est pris d’affection pour le jeune Alieïa auquel il a proposé d’apprendre à lire et à écrire. Skouratov raconte qu’il a été emprisonné pour avoir tué un Allemand pour une histoire sentimentale. Comme c’est jour de fête, les bagnards ont droit à une représentation théâtrale. Ils vont donner un « opéra » sur Don Juan suivi de la « pantomime de la Belle Meunière ». Après le spectacle, Goriantchikov et Alieïa boivent tranquillement du thé ce qui leur vaut d’être agressés par des prisonniers qui considèrent cela comme un signe de richesse. Alieïa est blessé.

Acte 3

Dans l’infirmerie du bagne Goriantchikov soigne Alieïa qui sait maintenant lire et écrire. Chapkin raconte comment le commissaire a failli lui arracher une oreille en le surprenant en train de voler. Chichkov se lance à son tour dans un long récit : Filka Morozov annonce au père de la jeune Akulina qu’il l’a déshonorée. Chichkov accepte pourtant d’épouser Akulina et il découvre qu’elle est vierge. Mais la jeune femme  lui avoue qu’elle aime passionnément Filka et Chichkov furieux  l’égorge. Au moment où il finit son récit, on s’aperçoit que Louka vient de mourir et Chichkov reconnait en lui Filka. Goriantchikov est appelé. Le commandant s’excuse de l’avoir fait fouetter et lui annonce qu’il va être libéré. Alieïa se jette au cou de Goriantchikov en pleurant. Le Grand  prisonnier libère son aigle qui peut s’envoler après la guérison de son aile.

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