Satyagraha - Satyagraha

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Description de l'Œuvre

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Parmi le répertoire lyrique du compositeur américain Philip Glass, on retient principalement sa « trilogie des portraits des grands hommes ayant changé le monde » : entre Einstein on the Beach en 1976 et Akhnaten en 1984, le deuxième opus Satyagraha (1980) s’inspire de la vie du Mahatma Gandhi. L'oeuvre s'intéresse plus spécifiquement aux années qu’il passa en Afrique du Sud entre 1893 et 1914 alors qu’il développait sa théorie de la non-violence pour en faire un outil politique de protestation – « Satyagraha » est un mot sanskrit qui signifie littéralement « force véritable » et désigne la puissance politique de la non-violence telle qu’imaginée par Gandhi.

Philip Glass désigne Satyagraha comme un « opéra semi-narratif », qui se décline en trois actes aux inspirations multiples. Le livret, rédigé en sanskrit et signé de la dramaturge américaine Constance DeJong, multiplie les références à la Bhagavad Gita (une partie du Mahabharata, ce poème épique fondamental de l'hindouisme), pour faire intervenir des personnages mythologiques de la culture indienne comme les princes Arjuna et Krishna.

Parallèlement, l’ouvrage lyrique s’articule surtout autour de trois actes très structurés (les deux premiers sont divisés en trois scènes et le dernier se compose d’une scène unique) qui font chacun référence à une figure historique emblématique ayant eu une influence sur la vie ou la réflexion de Gandhi – des rôles muets mais majeurs dans l’œuvre et présents sur scène. Pour évoquer le passé, le premier acte est placé sous le signe de Tolstoï ; le deuxième s’inscrit dans le présent et rend hommage au poète indien moraliste Rabindranath Tangore ; et le troisième se tourne vers l’avenir avec la figure de Martin Luther King.

Création mondiale de Satyagraha de Philp Glass

Satyagraha est le fruit d’une commande de la compagnie d’opéra néerlandais et fait l’objet d’une création mondiale au Stadsschouwburg (le théâtre municipal) de Rotterdam, le 5 septembre 1980, dans une production originale qui adopte une approche réaliste des événements relatés dans le livret. La création, avec le ténor Douglas Perry dans le rôle-titre, rencontre un succès enthousiaste.

Après une tournée néerlandaise, Satyagraha est donné aux Etats-Unis, puis repris sur plusieurs grandes scènes, notamment à l’Opéra de Stuttgart en 1981 où Achim Freyer en propose une nouvelle lecture qui connait un succès plus imposant encore. L’ouvrage fait l’objet d’une nouvelle production en 2007 à l'English National Opera (ENO) de Londres, en coproduction avec le Metropolitan Opera de New York qui accueille l’œuvre en avril 2008, puis de nouveau 2011. Il faut attendre 2025 pour que Satyagraha soit donné en France, d’abord à l’Opéra Nice Côte d’Azur en octobre 2025 dans une nouvelle mise en scène de Lucinda Childs, puis à l’Opéra national de Paris en avril 2026 dans une production de Bobbi Jene Smith.

Acte 1

Composé de trois scènes (On the Kuru Field of Justice ; Tolstoy Farm, 1910 ; puis The Vow, 1906), le premier acte de Satyagraha évoque le passé et les grandes inspirations de Gandhi, notamment Tolstoï, avec qui Gandhi a entretenu une relation épistolaire jusqu’en 1910.

L’acte s’ouvre sur la « bataille légendaire de Kuru », décrite dans la Bhagavad Gita indienne qui oppose les Kuruva et les Pandava. Cette première scène voit Ganghi échanger avec les héros mythiques Arjuna, puis Krishna, dans un duo qui devient un trio. La deuxième scène se déroule ensuite dans la « ferme de Tolstoï » où l’on découvre les Satyagrahas, des communautés pacifistes de militants. La troisième scène, « le Vœu », fait référence aux mobilisations de 1906 contre le « Black Act » adopté en Afrique du Sud qui imposait aux Indiens du pays de s’enregistrer dans un « registre des Asiatiques » et restreignait leur liberté de mouvement dans le pays.

Acte 2

Inscrit cette fois dans le présent, le deuxième acte de Satyagraha fait référence au poète indien Rabindranath Tangore que l’histoire retient comme l’une des figures morales ayant influencé les engagements de Gandhi. La première scène (Confrontation and Rescue, 1896) fait référence à l’engagement journalistique de Gandhi, qui rendait compte des conditions de vie des Indiens en Afrique du Sud, donnant aux persécutions qu'ils subissaient un rayonnement international. À cette époque, Gandhi est menacé par les Afrikaners pour ses prises de positions : en 1896, il est pris à parti par une foule vindicative et est « sauvé » par Mme Alexander (interprétée par la contralto Rhonda Liss lors de la création).

La deuxième scène, intitulé Indian Opinion (1906), fait référence au journal Indian Opinion fondé par Gandhi, qui militait à la fois contre les discriminations raciales et pour les droits civiques des communautés indiennes et des natifs sud-africains. La troisième scène, Protest (1908), renvoie à un événement au cours duquel les Indiens, en protestation, brûlaient leur carte d’identité.

Acte 3

Le troisième et dernier acte de Satyagraha se déroule en 1913 et entend faire écho à l’avenir en se focalisant sur la personnalité de Martin Luther King, appréhendé comme une figure homologue à celle de Gandhi mais aux Etats-Unis. Dans une scène unique, ce troisième acte fait référence à la grande marche de Newcastle de Martin Lyther King, soulignée musicalement par une forte présence des chœurs et de six solistes, dans une ultime incantation d’envergure – confortant le sentiment que Satyagraha est composé comme une grande célébration rituelle.

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