Louise - Louise

Gustave Charpentier remporte le prix de Rome en 1887 (il est alors l’élève de Jules Massenet) et comme le veut l’usage, le jeune compositeur s’installe à la Villa Médicis de Rome pour poursuivre sa formation – même s’il rechigne à quitter Paris. Il y composera sa Symphonie sentimentale et pittoresque et sa symphonie-drame La Vie du poète, et alors que le vérisme à l’opéra émerge en Italie, c’est aussi à Rome en 1888 qu’il pose les bases du livret de ce qui deviendra son principale chef d’œuvre lyrique, son « roman musical » en quatre actes Louise. Gustave Charpentier en reprendra la composition quelques années plus tard, à son retour à Paris en 1893, et après de longues discussions avec les artistes de l’époque qui s’interrogent sur sa modernité.

Louise est influencé par le vérisme alors en vogue en Italie et fait figure d’opéra naturaliste : le compositeur s’inspire de sa propre histoire et de ses « années de bohème » pour définir le livret de l’ouvrage. Le personnage de Julien s’inspire de sa propre vie au cœur de Montmartre (l’opéra est aussi une ode à Paris) et des sentiments qu’il éprouve pour la jeune Louise, « jeune ouvrière à l’œil vif ».

Et alors même que l’œuvre est achevée, Gustave Charpentier aura toutes les peines à faire jouer son opéra. Charpentier nourrit un solide engagement socialiste et les directeurs de maisons d’opéra s’inquiètent manifestement de l’approche naturaliste de son opéra, mettant en scène des ouvriers et des petites gens au dur labeur, dans leur vie populaire parisienne et contemporaine de l’époque de la composition. La partition Louise fut finalement acceptée par Albert Carré, alors directeur de l’Opéra-Comique, en vue d’une création salle Favart le 2 février 1900, en marge de l’Exposition universelle – avec l’ambition d’en faire « la première création lyrique du XX^e siècle » sans appréhender que le XX^e débutait en fait le 1^er janvier 1901.

L’ouvrage rencontre quoi qu’il en soit un incroyable succès auprès du public de l’Opéra-Comique et dès 1901, Louise débute une carrière internationale. L’opéra est donné à Bruxelles, Budapest ou Milan, puis à Francfort et Berlin, au Metropolitan Opera de New York ou à Bueno Aires, dans des distributions nombreuses et prestigieuses. Louise fait aussi l’objet d’une version filmée en 1938-39, à laquelle Gustave Charpentier collabore. Si l’opéra reste à l’affiche de nombreuses années après sa création (principalement pendant la première moitié du XX^e siècle), l’ouvrage est progressivement oublié et se fait plus rare sur les scènes lyriques.

Résumé de Louise, de Gustave Charpentier

Sous les toits de Paris, Julien aime la jeune couturière Louise qui habite avec ses parents en face de chez lui. Louise l’aime en retour, mais ses parents ne veulent pas la laisser partir, estimant que Julien n’est pas assez riche pour leur fille. Malgré le refus de ses parents, Louise s’enfuit du foyer familial pour s’installer avec Julien dans une petite maison à Montmartre – où la jeune femme est baptisée la « muse de Montmartre » par les fêtards du lieu.

La mère de Louise vient néanmoins la retrouver pour lui annoncer que son père est malade et la demande. Louise la suit, promettant néanmoins à Julien de revenir. Très vite, ses parents lui interdisent de les quitter, alors que Louise doit s’acquitter des tâches ménagères du foyer. N’y tenant plus, Louise revendique sa liberté dans un hymne prenant Paris à témoin. Le ton monte et le père chasse sa fille. S’il regrette aussitôt son geste, c’est trop tard, et il maudit la ville qui lui a pris sa fille.