Cendrillon (Isouard) - Cendrillon (Is...

Le compositeur maltais Nicolas Isouard (1773-1818), dit Nicolò ou parfois Nicolò de Malte, vécut une vie d’aventurier entre la France et l’Italie, Lisbonne, Madrid ou Dresde, ou encore la Russie entrecoupé de séjours sur l’île de Malte, tout en composant de nombreux opéras. Il doit néanmoins son plus grand succès lyrique à Cendrillon (parfois intitulé Cendrillon et les bonnes sœurs), opéra-féérie en trois actes créé à l’Opéra-Comique de Paris en 1810, et composé pour la soprano Anne-Cécile Duret dont il était épris.

La jeune sœur d’Anne-Cécile Duret, Alexandrine Saint-Aubin, était également chanteuse mais l’histoire retient davantage ses talents modestes. Avec Cendrillon, Nicolò signe une partition adaptée à ses capacités et la jeune Alexandrine Saint-Aubin interprète le rôle-titre à la création. Les pages les plus spectaculaires de l’œuvre sont néanmoins écrites pour les rôles des deux méchantes sœurs, surtout Clorinde dévolue à Anne-Cécile Duret, mais aussi Tisbé chantée par Louise-Thérèse Antoinette Lemonnier.

Lors de la création de l’opéra, la Cendrillon de Nicolas Isouard connait un triomphe retentissant auprès du public et l’œuvre est reprise partout en Europe. La romance « Je suis fidèle et soumise » est abondamment reprise dans les salons de l’époque et le livret de Charles-Guillaume Étienne intègre suffisamment d’éléments comiques (la fatuité du Baron de Montefiascone et de l’écuyer Dandini) pour enthousiasmer le public. Le succès de la création ne sera néanmoins pas suffisant pour assurer la postérité de l’œuvre : en janvier 1817, Rossini compose La Cenerentola d’après le même conte et la Cendrillon d’Isouard sera progressivement éclipsée à la fois des scènes et des mémoires. Malgré le charme de l’œuvre, son rythme et l’originalité de sa partition, cette Cendrillon ne sera ensuite quasiment plus reprises – souffrant peut-être des faiblesses musicales du rôle-titre face à des rôles secondaires parfois mieux pourvus.

L’ouvrage est néanmoins redécouvert à l’initiative du Palazzetto Bru Zane et une nouvelle production est donnée en 2020 à l’Opéra de Saint-Etienne avec Anaïs Constans dans le rôle-titre, aux côtés de Jeanne Crousaud et Louise Pingeot en Clorinde et Tisbé. En 2025, le Festival d’Hardelot invite à son tour le public à redécouvrir l’œuvre dans une nouvelle production.