Aida à l'Accademiza Nazionale di Santa Cecilia de Rome

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C'est l'un des évènements de la scène lyrique italienne de cette année : Aida, le chef-d'oeuvre de Verdi, dans une version concert à la distribution prestigieuse. Et c'est notamment grâce à l'enregistrement d'un album CD du concert que ce spectacle a pu avoir lieu à l'Auditorio, la nouvelle salle de concert de Rome, conçu par l'achitecte-star Renzo Piano.

Sir Antonio Pappano, directeur musical de l'Accademia Nazionale di Santa Cecilia, prend à cette occasion la tête du très réputé Italian Philharmonic Orchestra. La symbiose entre l'homme à la baguette et le groupe d'instrumentalistes transpire une coopération respectueuse, emplie de leur identification partagée à la fierté nationale que représente Verdi. L'orchestre est pleinement présent, mais demeure clair, doté d'une articulation harmonieuse de tous les instruments. Le maestro arrive à emplir l'orchestre de chacune de ses vagues d'énergie. C'est là l'une des rares occasions d'entendre ce trésor musical sans aucune action scénique parasite opulente et sans aucun décor monumental (dont l'oeuvre est souvent coutumière lorsqu'elle est mise en scène). La composition est pleine d'intermezzo orchestraux colorés, et de chants particulièrement exigeants, que l'on découvre tour à tour, tout au long de la soirée.

Anja Harteros revient une nouvelle fois dans un rôle principal féminin de Verdi. Son chant de soprano est techniquement parfait, beau, toujours exact et précis. Néanmoins, elle ne parvient pas ce soir à toucher l'auditoire, ni à exprimer toute l'emotion qui se dégage du conflit de l'amour qu'elle partage entre son père, sa patrie, et son bien aimé Radames, le héros conquérant. Conquête confiée le temps de la soirée à Jonas Kaufmann, qui, malgré quelques incertitudes en début de soirée, demeure un Radames héroïque, jeune et plein de vie, lyrique et dramatique. L'interprétation d'Erwin Schrott en Ramfis est majestueuse et élégante. Sa voix a gagné en puissance, pourvue d'une couleur sombre et d'un beau volume dans les graves. Marco Spotti est immaculé dans le rôle du Roi. Dans le rôle de sa fille Amnérise, Ekaterina Semenchuk est techniquement parfaite. Elle livre une belle prestation dramatique, manquant toutefois de passion. Et Ludovic Tézier, quant à lui, s'avère encore une fois être un baryton verdien remarquable.

La performance dominante du choeur de l'Accademia Nazionale, préparé par Ciro Visco, reste mémorable et exceptionnelle. Notamment grâce à sa très grande présence, le choeur apporte un son complet et équillibré, avec quelques piano et de beaux forte. Pour le majestueux et très apprécié Gran Finale du second acte, aussi connu sous le nom de "Marche du triomphe", Sir Pappano a choisi d'inviter la Banda Musicale della Polizia del Stato. Le groupe de musiciens contribue ainsi à remplir tout l'espace de salle par leur jeu puissant, impressionnant l'audience avec respect.
C'est à la fin de ce beau spectacle que le public relache dans un style italien typique, avec un goût pour la comédie et la frasque gestuelle, de longs applaudissements accompagnés de bravos, bien mérités par cette très belle prestation de haute qualité.

Helmut Pitsch

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