Cecilia Bartoli revient à Lyon aux côtés de Philippe Jaroussky après presque 30 ans d'absence

Xl_bartoli-jaroussky © DR

Dimanche se tenait à Lyon un véritable événement : le retour de Cecilia Bartoli dans la capitale des Gaules après presque trente ans d’absence. Pour cette soirée exceptionnelle clôturant en fanfare la saison des Grands Concerts, la mezzo-soprano italienne partageait l’affiche avec le contre-ténor français Philippe Jaroussky, tous deux étant accompagnés par l’ensemble Artaserse réputé pour ses interprétations sur instruments d’époque. En somme, un petit miracle qui trouvait tout naturellement sa place dans une chapelle...

Les Grands Concerts, à qui la Ville de Lyon a confié la gestion annuelle de la Chapelle de la Trinité ainsi que l’organisation des saisons de concerts depuis 1999, a donc particulièrement gâté son public, un public qui a massivement répondu présent puisque le concert affichait complet.

Il faut dire que les noms seuls avaient de quoi susciter l’engouement et que le lieu est toujours aussi agréable, notamment dans ces périodes de forte chaleur. Ainsi, tandis que le soleil régnait dans les rues de la ville, les spectateurs ont pu s’abriter afin de profiter de la rencontre de ces deux grandes voix autour de l’Italie du XVIIe siècle. Un heureux hasard puisque non seulement le passé de Lyon relie la ville à ce pays, mais il faut rajouter – comme l’a rappelé le directeur de l’association Eric Desnoues lors de sa présentation – que c’est dans cette Chapelle de la Trinité que fut proclamée la première République italienne par Napoléon Ier en 1802, lors du Consulte de Lyon. Une information qui a apparemment beaucoup ému Cecilia Bartoli lorsqu’elle l’a apprise la veille.

La soirée débute et finit par des extraits de Monteverdi, puisque nous entendons en premier lieu la Toccata puis le prologue de La Musica de son Orfeo et « Zefiro torna » en fin de concert. Au total, ce sont sept extraits du compositeur qui seront interprétés, mais il ne sera bien entendu pas le seul, Cavalli étant également mis en avant avec huit extraits. Toutefois, comment les deux artistes auraient-ils pu exclure Agostino Steffani de leur programme, eux qui l’avaient justement mis à l’honneur dans l’album Mission de la mezzo-soprano?

Le premier violon de l’ensemble, Alessandro Tampieri, a pour sa part ravi le public lors de la sonate « La Biancuccia » de Pandolfi Mealli, mais il va de soi que les yeux et les oreilles étaient tout particulièrement tournés vers les deux têtes d’affiche qui ont été largement à la hauteur de l'attente en se partageant le programme de façon très équilibrée. Pour le prologue d’ouverture déjà cité, Cecilia Bartoli entonne le premier couplet, Philippe Jaroussky le deuxième, puis ils se retrouvent pour la fin. Ils se rejoignent ainsi pour certains extraits, comme « Ecco l’idolo moi » d’Elena de Cavalli, « Combatton quest’alma » d’Il trionfo del fato de Steffani, « Lidia spina del moi core » de Monteverdi, « All’impero divino » (Niobe, regina di Tebe de Steffani) ou encore Damigella tutta bella de Monteverdi qui plonge la chapelle dans une telle atmosphère que le public semble suspendu aux lèvres des interprètes tout en ayant arrêté de respirer. Probablement l’un des plus beaux moments de la soirée, de même que le premier rappel, « Pur ti miro » du Couronnement de Poppée, véritable parenthèse onirique et atemporelle.

A ces moments en duo s’ajoutent les extraits chantés par l’un ou l’autre des solistes. Citons parmi ceux-là le « Si dolc’e il tormento » interprété par Cecilia Bartoli dont les aigus transmettent ici une forte émotion, d’autant plus importante que l’acoustique particulière du lieu amplifie une certaine impression mystique à l’écoute de ces deux voix.

De son côté, si Philippe Jaroussky laisse entendre une très légère fatigue lors de ses premières notes, elle disparaît totalement dès son deuxième air et c’est tout naturellement par une standing ovation que le public remercie les deux artistes de cette superbe soirée, espérant qu’il ne devra pas attendre à nouveau près de trois décennies pour pouvoir réentendre Cecilia Bartoli dans ses murs.

Les parisiens pourront pour leur part profiter de ce récital Salle Gaveau ce jeudi 22 juin.

Elodie Martinez

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