Tannhäuser à l’Opéra Bastille (octobre 2011)

Xl_cglfdvz0i4_20111019b1v3aazmd9 © Opera Bastille

La reprise de Tannhäuser était attendue : la première série de représentations avait été perturbée par des grèves à l’Opéra Bastille et la plupart des représentations avaient été données en quasi version de concert.
La mise en scène de Robert Carsen et les décors de Paul Steinberg peuvent enfin être appréciés tels que les auteurs les ont voulu. Malheureusement, ce n’est pas le bonheur attendu : pour une fois, Robert Carsen ne convainc pas. Bien sûr sa direction d’acteurs est comme toujours habile, virtuose même dans ce jeu d’échanges de masques mais la transformation de la problématique du chant à la peinture peine à trouver sa logique et n’éclaire en rien le récit de Wagner. Au contraire ! C’est la plupart du temps beau à voir, c’est original, c’est amusant comme un thriller dont on attend la résolution (qui ne viendra pas – car le tableau qui devrait prendre sa place dans le puzzle final et donner peut-être in extremis une logique à ce jeu intellectuel n’apparait pas). Dommage !

Mais la représentation de toutes façons n’est guère satisfaisante à deux exceptions près : on passera sur la direction très tweed de Sir Mark Elder, sur le format vocal de Christopher Ventris, encore inapproprié au rôle-titre, sur une distribution sans véritable défaut mais sans éclat, sur la Vénus de Sophie Koch qui ne fait pas oublier celle de Béatrice Uria Monzon (la mezzo française, très aimée du public parisien pour son beau timbre et sa ligne de chant impeccable, souffre pourtant toujours de la faiblesse de son bas medium trop souvent détimbré), pour souligner la maitrise de Stéphane Degout, magnifique Wolfram dont la fameuse romance à l’étoile est un moment d’enchantement, et surtout la somptueuse Elisabeth de Nina Stemme.
La soprano suédoise montre pour ses débuts à l’Opéra de Paris non seulement un des plus beaux timbres de soprano lyrique du moment mais encore une intelligence du chant, une projection admirable d’égalité des registres, un style wagnérien ardent, tout ce qui en fait la reine de cette soirée. Ne serait-ce que pour elle, cette reprise de Tannhäuser mérite le détour !

par Alain Duault
du 6 au 29 octobre 2011 à l'Opéra Bastille.

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