Au Lido, Les demoiselles de Rochefort font du bien !

Xl_les-demoiselles-de-rochefort-lido2paris-2025 © Les Demoiselles de Rochefort, Lido 2 Paris

Après Les Parapluies de Cherbourg et Peau d’âne, Jean-Luc Choplin, infatigable promoteur de la comédie musicale sous toutes ses formes, offre comme cadeau de fin d’année au public au Théâtre du Lido une adaptation scénique du film de Jacques Demy, porté par la musique de Michel Legrand, Les Demoiselles de Rochefort. On aurait pu se dire que ce scénario assez léger, ces dialogues sans trop de consistance ne pouvaient guère avoir prise aujourd’hui sur nos esprits (trop) sérieux : on aurait eu tort. Car en ces temps de folie politique ou guerrière à travers le monde, le propos de cette pièce qui ne se prend pas au sérieux est ce sentiment éternel qui bondit et rebondit dans les cœurs du monde entier et fait tant de bien, l’amour.

Voici deux jeunes filles, une blonde et une rousse, Delphine et Solange, qui recherchent leur « idéal d’amour » tout en étant irrésistiblement attirées par un destin artistique, synonyme pour elles de paillettes et de fête : elles croisent de jeunes gens qui ont souvent d’autres perspectives plus immédiates, plus terre à terre – mais qu’importe, rien ne colle, rien ne s’accroche, rien ne se fixe, tout file à la vitesse d’une musique entrainante, ricochant d’un bout à l’autre de la salle par la magie d’un orchestre survitaminé qui entoure la scène, les cordes à droite, les cuivres et percussions à gauche, sous la conduite vive et pétillante de Patrice Peyriéras.

Les Demoiselles de Rochefort, Lido 2 Paris (2025)
Les Demoiselles de Rochefort, Lido 2 Paris (2025)

Surtout les chanteurs-acteurs-danseurs emportent tout avec une énergie incroyable doublée d’une fantaisie contagieuse : ils et elles sautent, dansent, courent, chantent, se changent en un clin d’œil, reviennent à cent à l’heure, s’arrêtent à peine pour quelques répliques et repartent dans un tourbillon étourdissant, traversant un décor en 3D (le pont transbordeur, impressionnant !) et plein d’autres éléments pimpants qui sortent du sol, y retournent, se transforment, dans un ruissellement de couleurs acidulées et de costumes qui s’y marient, le tout avec une fluidité qui laisse pantois.

Difficile de décerner des satisfecit à tel ou telle puisqu’on ne connait pas les noms des artistes, aucun programme ou à tout le moins feuillet de distribution n’étant proposé (c’est le seul bémol de cette soirée enthousiasmante). Mais à vrai dire ils sont toutes et tous épatants, des deux « sœurs jumelles nées sous le signe des Gémeaux » au touchant Monsieur Dame, ou d’Yvonne, la mère des jumelles, à la jeune serveuse en bleu, au corps qui semble en caoutchouc, ou encore du marin en quête de son « idéal féminin » aux forains délibérément kitsch : tout vole et virevolte, tout chante (et chacun comme chacune fredonne dans le public ces refrains imaginés par ce lanceur de paillettes sonores qu’était  Michel Legrand, avec ce sens de la mélodie qui nait du rythme ou du rythme qui fait tourner la mélodie). Il y a même deux numéros de claquettes proprement enivrants qui font un clin d’œil à Broadway où ils n’auraient pas à rougir !

Espièglerie, tendresse, folie, douceur de vivre, tout cela porté par une vraie troupe, avec de vraies voix et un orchestre qui pimente sans cesse ce dessert de deux heures : on en redemande ! Surtout en ce moment… Courez donc au Lido : la comédie musicale à la française y éclabousse les oreilles et le cœur !

Alain Duault
Paris, 8 octobre 2025

Les demoiselles de Rochefort au Lido 2 Paris du 2 octobre 2025 au 11 janvier 2026

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