L'Affaire Makropoulos - Věc Makropulos

Informations Description
Imprimer
Xl_avatar

Informations générales

  • Compositeur:Leoš Janáček
  • Librettiste:Leoš Janáček
  • Date de création:1926
  • Lieu de création:Tchèque, république
  • Nombre d'acte:3
  • Langue originale:Tchèque
  • Maison d'opéra de la production originale:Národní divadlo Brno

Description de l'Œuvre

Description Acte 1Acte 2Acte 3

L’affaire Makropoulos nous raconte l’histoire d’une jeune fille, Elina Makropoulos, dont la vie s’est trouvée considérablement allongée par un élixir de vie : ainsi l’héroïne de Janacek dans cet opéra a l’incontestable originalité d’avoir 337 ans, et cela donne au compositeur âgé alors de 71 ans l’occasion d’une réflexion sur le sens que, paradoxalement, la mort peut donner à une vie.

Car loin d’idéaliser l’immortalité, cet opéra au contraire fait d’une vie trop longue une vie vouée à se lasser d’elle-même, et à tomber dans l’indifférence et le cynisme à l’égard de n’importe quel événement. Ainsi l’héroïne de cet opéra est-elle un personnage d’une froideur terrifiante, devenue indifférente aux autres êtres humains et à leur disparition, tant elle en a vu disparaître.

Le style vocal de l’opéra peut d’ailleurs nous évoquer en partie ce cynisme : c’est un opéra dont le chant ne se veut pas séducteur, mais au contraire proche du théâtre parlé, très rythmé, peu mélodique, ce qui peut paraître significatif quand on sait que Janacek a cherché toute sa vie à retranscrire musicalement l’influence d’un état psychologique sur la parole d’un personnage (ainsi le compositeur a-t-il mis en musique des propos qu’il entendait dans la rue, mais tout aussi bien les dernières paroles de sa propre fille). Et si l’on va dans ce sens, on ne s’étonnera pas alors que les seuls moments véritablement lyriques de l’opéra coïncident avec des évocations de sentiments d’amour réels qu’a connu Elina Makropoulos dans sa si longue vie : ainsi la lumière musicale qui jaillit dans sa rencontre avec Hauk, et ainsi surtout l’envolée lyrique au dernier acte, lorsqu’elle avoue avoir donné la formule de l’élixir au baron qu’elle a si tendrement aimé.

Acte 1

L’opéra s’ouvre sur l’inquiétude du clerc Vitek qui attend des nouvelles de l’avocat pour lequel il travaille, Kolénaty, quant au résultat du procès qui oppose les « Prus » et les « Gregor » depuis presque cent ans. Albert Gregor arrive, tout aussi impatient : l’issue du procès est très importante pour lui car il est extrêmement endetté ; son propre père s’était d’ailleurs donné la mort pour des raisons similaires.

Durant cette attente arrive la fille de Vitek, Krista : cette arrivée semble toute faite pour préparer LA grande arrivée de l’opéra, l’entrée du personnage principal que sera Emilia Marty. Krista en effet est une chanteuse en herbe, qui raconte combien elle est subjuguée, quasi-découragée, par la beauté et l’excellence de la voix de la grande chanteuse Emilia Marty.

Cette dernière entre alors en scène, en même temps que l’avocat Kolénaty. E.Marty s’intéresse étrangement à ce procès, qui semble lui tenir bien à cœur. Elle parle des protagonistes de l’affaire de façon intime, en les désignant par leurs prénoms, et même par des diminutifs. L’avocat Kolénaty lui explique l’affaire telle qu’elle a été traitée lors de ce procès, dont on apprend finalement que Prus est sorti vainqueur. En voici l’histoire : le baron Ferdinand Josef Prus est décédé en 1827, laissant derrière lui un domaine de valeur et aucune descendance pour en hériter. Depuis, ce domaine est disputé par les descendants du cousin du baron d’un côté, les Prus, et par ceux d’un certain Ferdinand Karel Gregor de l’autre côté, lequel n’était alors qu’un enfant, mais auquel F.J.Prus aurait déclaré tout léguer selon une source malheureusement controversée.

Or à la stupeur de tous, E.Marty apporte une révélation : le fameux Ferdinand Karel Gregor était en fait le fils du baron et d’une certaine Ellian MacGregor, lesquels entretenaient une relation cachée. Le fils qu’ils ont eu ensemble doit donc être le seul et unique héritier dans cette affaire. Pour le prouver, E.Marty ajoute que dans la maison du baron, aujourd’hui aux mains de Prus, il doit rester des lettres attestant de cette liaison et un testament qui lègue les biens du baron à son fils illégitime. L’avocat part à la recherche de ces documents.

Resté seul avec E.Marty, Gregor ne sait comment la remercier : elle est pour lui un miracle qui vient de s’incarner, et s’entoure d’ailleurs de tout l’enchantement du miracle – à la fois merveilleuse et terrible, suscitant des désirs si violents qu’ils voisinent les désirs de meurtre. Mais E.Marty montre surtout du mépris à l’égard de Gregor, et se sert finalement de l’effet qu’elle a sur lui pour lui demander de lui trouver un document écrit en grec, qui doit se trouver dans d’autres documents du défunt Ferdinand Joseph.

Sur ce, l’avocat Kolénaty revient : il a trouvé les documents attestant à la fois de la liaison mentionnée, et du fils qui en était né. Prus, arrivé néanmoins en même temps, fait remarquer qu’il manque la preuve que ce fils Ferdinand est précisément Ferdinand Gregor. E.Marty déclare étrangement qu’elle enverra « quelque chose comme ça ».

Acte 2

De nouveau, l’acte commence par une adulation d’E.Marty, d’abord par des employés du théâtre qui l’ont entendue chanter, puis par Krista qui raconte à son amant Janek (fils de Prus) qu’elle doit mettre fin à leur relation pour se concentrer sur sa carrière et espérer un jour chanter aussi bien qu’E.Marty.

De retour sur scène avec tous les protagonistes, E.Marty joue de sadisme en cherchant des compliments sur sa prestation à l’opéra tout en humiliant quiconque en prononcera. Cet épisode de pur cynisme est néanmoins interrompu par l’arrivée d’un vieil homme, Hauk, confondu par la ressemblance d’E.Marty avec Eugenia Montez, une tsigane qu’il a aimée cinquante ans auparavant. Etrangement, E.Marty entre dans son jeu, et danse avec lui comme si elle était véritablement Eugenia. Une fois Hauk parti, E.Marty prend congé des différents personnages à l’exception de Prus, après avoir néanmoins accepté de signer un autographe pour Krista.

C’est alors au tour de Prus de faire preuve de machiavélisme. Il interroge E.Marty sur Ellian MacGregor, cette « trainée » dit-il, provoquant une certaine perte de sang froid chez E.Marty qui s’accentue lorsque Prus lui pose la question fatidique : « quel est le vrai nom de cette Ellian ? » Ses lettres en effet ne sont signées que par ses initiales, E.M., qui peuvent aussi bien vouloir dire Emilia Marty, Eugenia Montez, ou encore Elina Makropoulos, une Crétoise. Il a en effet trouvé le testament, dans lequel il est question d’un Ferdinand Makropoulos, fils illégitime d’Elina Makropoulos. Et surtout, près de ce testament, il affirme avoir trouvé une lettre cachetée. Cette information éveille chez E.Marty un vif intérêt… mais Prus refuse de lui montrer cette enveloppe. E.Marty demande alors au fils de Prus, Janek (qui maintenant se déclare fou amoureux d’E.Marty !), de voler cette lettre dans les affaires de son père. Janek accepte, mais Prus les surprend et chasse son fils. Il promet l’enveloppe à E.Marty en échange d’une nuit avec lui.

Acte 3

Après sa nuit avec E.Marty, Prus apprend le suicide de son fils Janek, suicide motivé par un amour vain pour E.Marty. Prus, qui avait déjà été dégoûté par E.Marty lors de sa nuit avec elle, où elle s’était montrée « froide comme une morte », est maintenant scandalisé par l’indifférence dont fait preuve E.Marty à l’annonce de ce suicide. Hauk fait une brève apparition pour emmener E.Marty (Eugenia Montez) en Espagne, mais la fuite de ces deux amants est interrompue par l’arrivée de tous les autres protagonistes. L’avocat Kolénaty somme E.Marty de rester : l’autographe qu’elle a signé pour Krista et le document qu’elle lui a envoyé pour prouver que le « Ferdinand » mentionné dans le testament était bien Ferdinand Gregor, censé dater de 1836, sont écrits de la même main et avec la même encre ; E.Marty est accusée de falsification de documents.

Très vite, les différents hommes se rendent néanmoins compte que tous les documents signés des femmes aux initiales E.M. sont signés de la même écriture, et ce depuis Elina Makropoulos. La confusion et la panique s’installent alors, et E.Marty est contrainte de s’expliquer. Elle avoue être Elina Makropoulos, née en Crète en 1575, ce qui lui fait donc un âge de 337 ans ! Elle était la fille du médecin Hiéronymos Makropoulos, auquel l’empereur Rodolphe II avait demandé de créer un élixir d’immortalité. L’empereur, frileux, a néanmoins d’abord voulu le faire essayer sur la fille du médecin, Elina. Ne pouvant évidemment voir si l’élixir fonctionnait, il jeta le père d’Elina en prison, et Elina s’enfuit avec la formule. Et pour rester auprès des humains pendant plus de 300 ans, elle fut contrainte de changer régulièrement de nom, en gardant toutefois les mêmes initiales : E.M.

Cependant l’effet de l’élixir touche aujourd’hui à sa fin, et c’est pourquoi E.Marty a besoin de la formule grecque qu’elle avait donné à Ferdinand Josef. Ainsi pourrait-elle vivre encore 300 ans. Finalement, E.Marty chante la vacuité et la vanité d’une vie éternelle, remarquant que c’est l’aspect fugitif des choses qui leur donne paradoxalement sens et valeur. Lasse de la vie, elle décide de ne pas se servir de la formule et la confie à Krista, qui pleine de compassion pour le sort d’E.Marty, brûle la formule et la fait ainsi disparaître à jamais.

Commentaires

Loading