La Finta Giardinera à l'Opéra de Toulon

Xl_la_finta_giardinera © DR

Oscillant entre opera seria et opera buffa, La Finta Giardinera renferme de véritables petits bijoux, mais elle souffre d'un livret assez moyen et d'une trop grande longueur. En portant leur chois dessus, Vincent Boussard et Andreas Spering se devaient don d'être vigilants. Et, en premier lieu, sur les coupures à opérer. La présente production n'y échappe pas et c'est très bien ainsi, car il est impératif, pour soutenir l'attention du public d'aujourdh'hui, de resserer le discours. Malgré cela, un défi demeure, celui de parvenir à donner quelques saveur à des situations très conventionnelles.

D'aucuns ont reproché à Boussard d'avoir succombé à la tentation d'un certain esthétisme gratuit – massifs de roses amovibles et chaises blanches stylisées très « carseniennes » –, mais l'essentiel ne réside cependant pas - dans sa proposition scénique – dans la joliesse des images invoquées, mais bien dans une direction d'acteurs très fine, qui – quand elle ne s'en moque pas avec esprit – souligne avec bonheur les intermittences, les tourments et les atermoiements du cœur.

Le chef fait sienne cette conception visuelle riche en prolongements séduisants et donne un maximum de relief à l'accompagnement orchestral : les vents babillent avec faconde, les cordes dotent les mélodies de chatoiements irisés.

Dans le rôle de Sandrina - la fausse jardinière -, la soprano britannique Lucy Hall s'avère des plus convaincante, car son timbre possède la rondeur requise, et la tecnhique est suffisament aguerrie pour rendre justice à son personnage. Le ténor italien Anizio Zorzi Giustiniani est aussi flamboyant en Belfiore ; ses émois brossés d'une voix puissamment virile, mais également fluide dans les pianissimi les plus éthérés, réussissent à nous convaincre de ses souffrances, sans qu'il est besoin de recourir à des effets plus appuyés. Colin Balzer, en Podestat, bouscule quelque peu la ligne pour souligner les aspects comiques de son personnage, mais sa faconde ne dépare jamais les ensembles. Remplaçant Sabine Devieilhe - pourtant très attendue, mais ce soir indisposée vocalement (elle a dû se contenter de jouer le personnage sur scène) -, c'est Aurélie Ligerot qui chante la partie de Serpetta, avec suffisamment de qualités vocales, cela dit, pour ne pas nous faire regretter la malheureuse défaillance de l'un des plus grands espoirs du chant français. John Chest, Nardo aussi solide qu'amusant, et Marie Gautrot, Ramiro un peu pâle malgré la distinction du jeu et du phrasé, complètent enfin cette distribution qui brillent par sa jeunesse et son homogénéité.

Un spectacle que les « retardataires » pourront aller savourer à l'Opéra de Rouen Haute-Normandie en juin 2014 !

La Rédaction

La Finta Giardinera à l'Opéra de Toulon

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