Première Carmen pour Marina Viotti au Théâtre des Champs-Elysées

Xl_marina-viotti-mezzo-soprano © Marina Viotti

En novembre 2022, suite à un désistement du rôle-titre de La Périchole d'Offenbach au Théâtre des Champs-Elysées, Marina Viotti rejoignait la production au pied levé pour une prise de rôle et la mezzo enthousiasmait le public. Ce 22 octobre 2023, nouveau désistement, cette fois du rôle-titre de Carmen dans une version de concert au Théâtre des Champs-Elysées, et de nouveau c’est Marina Viotti qui a été appelée pour chanter sa première Carmen – une prise de rôle anticipée de quelques mois puisque la mezzo-soprano avait prévu d’interpréter le rôle-titre de l’opéra de Bizet en avril 2024, à l’Opéra de Zurich.

Alors, Marina Viotti, simple « remplaçante » ? Manifestement pas seulement, loin s’en faut. La mezzo-soprano franco-suisse revendique une actualité particulièrement riche. En moins d’un an, elle a enchainé les prises de rôles successives d’Alceste de Gluck au Teatro dell’Opera de Rome puis de La Périchole au Théâtre des Champs-Elysées, a obtenu une Victoire de la musique classique en début d’année, a signé un album salué par la critique avec Christophe Rousset en « Hommage à Pauline Viardot » ou a encore fait des débuts remarqués à l’Opéra de Paris en Stéphano dans Roméo et Juliette, avant d’interpréter une Rosina jubilatoire du Barbier de Séville aux Arènes de Vérone cet été (confiée donc à une mezzo). Au début du mois, elle publiait « Et si le monde était un opéra - La Chanteuse et la Philosophe », ouvrage coécrit avec la philosophe Gabrielle Halpern que Marina Viotti avait croisée lors de ses études de littérature et philosophie à Lyon, et la mezzo triomphe actuellement dans La Cenerentola au Théâtre des Champs-Elysées (encore une prise de rôle !). Celle qui dit redouter parfois de « trop en faire » a manifestement de quoi bien occuper ses journées – et le public ne s’en plaint pas.

Être prête pour interpréter Carmen

Pour autant, cette boulimie d’activités n’empêche pas une certaine prise de recul et Marina Viotti sait manifestement aussi prendre son temps. À plusieurs reprises, on lui avait déjà proposé de chanter Carmen – propositions qu’elle avait systématiquement refusées jusqu’à présent, ne s’estimant pas encore suffisamment prête pour assumer pleinement le poids du rôle et, dit-elle, surmonter une certaine pudeur.

On comprend néanmoins qu’aujourd’hui, la mezzo souhaite finalement intégrer le personnage de George Bizet à son répertoire. Car si Carmen succombe certes à Don José, dans tous les sens du terme, elle n’est pas une victime – les rôles de femmes faibles siéent manifestement assez peu au tempérament de Marina Viotti. Le rôle-titre de Carmen dessine une femme à la fois forte et rebelle, libre et indépendante. Autant de qualificatifs dont on imagine qu’ils parlent à Marina Viotti : on connait son tempérament et son investissement sur scène, son goût pour une certaine exubérance voire extravagance. Gageons qu’elle saura insuffler de sa personnalité à sa Carmen.

Au Théâtre des Champs-Elysées ce 22 octobre, Marina Viotti sera manifestement bien entourée, à commencer par Stanislas de Barbeyrac en Don José. En plus d’être un grand titulaire du rôle, le ténor était aussi déjà à ses côtés dans Alceste à Rome et La Périchole à Paris. À leurs côtés, Iulia Maria Dan en Micaëla (elle interprétait le rôle récemment dans la Carmen originelle de l’Opéra de Rouen) ou encore Jérôme Boutillier en Escamillo. De belles conditions pour une prise de rôle anticipée, en attendant une version mise en scène de Carmen à l’Opéra de Zürich en avril 2024.

Marina Viotti dans Carmen

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