Cinq questions à Nicola Ulivieri

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Rodolfo dans La Sonnambula au Teatro Regio de Turin, Douglas dans La Donna del lago à l’Opéra de Marseille, Giorgio dans I Puritani au festival de Radio-France et Montpellier, ou encore Raimondo dans Lucia di Lammermoor à l’Opéra de Monte-Carlo, chacune des apparitions de la basse chantante italienne Nicola Ulivieri a suscité notre enthousiasme. Nous l'avons retrouvé au Circo Massimo de Rome dans le rôle de Basilio du Barbier de Séville (lire notre compte-rendu), et nous en avons profité pour lui poser cinq questions… 

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Opera-Online :  Comment la musique est-elle entrée dans votre vie ?   

Nicola Ulivieri : La musique a toujours fait partie de ma vie ; mon père était violoniste, et avec mon frère nous avons appris à en jouer dès notre plus tendre enfance, mais nous avons arrêté vers l’âge de douze ans. Un instrument peut difficilement s’imposer à vous, ça doit être une vocation personnelle, et j’ai testé plusieurs instruments pendant mon adolescence, avant de me mettre au chant à l’âge de dix-huit ans.

Nous vous avons entendu en tout quatre fois sur une scène d’opéra, et chaque fois dans du belcanto. C’est votre répertoire de prédilection, celui dans lequel votre vocalité s’exprime le mieux ?

Bien sûr, le belcanto reste la base de mon travail. J’ai beaucoup chanté dans des ouvrages mozartiens au début de ma carrière, ce qui est fondamental pour aborder ensuite le répertoire rossinien, qui met à l’épreuve l’agilité et la technique vocale. Il va ainsi aussi pour Bellini et de Donizetti, avec en plus la morbidezza dans le son et le legato dans la ligne de chant. On n’a jamais fini d’apprendre et on retourne toujours aux rôles de sa jeunesse, avec plus de connaissances et d’expérience.

Vous chantez actuellement le rôle de Basilio dans une version de concert du Barbier de Séville qui était initialement prévu aux Thermes de Caracalla sous format scénique…

Comme vous pouvez bien l’imaginer, chanter devant du public après cette triste période est une immense joie. Les règles en vigueur de distanciation physique nous ont empêchés de représenter l’opéra sous son format scénique initial, mais le Teatro dell’Opera de Rome - en accord avec les autorités de la ville - a trouvé une excellente alternative pour que le festival d’été ait lieu dans cette merveilleuse ville qu’est Rome.

En ce moment, je ressens une grande solidarité entre tous, et nous faisons de notre mieux pour revendiquer le rôle fondamental qu’ont la musique et le théâtre dans notre société, même et justement pendant cette affreuse période de crise sanitaire. Le public nous pardonne, je pense, les petit « gags » que nous improvisons chaque soir, alors que d’habitude ils sont prévus bien en amont des représentations par le metteur en scène…

Et comment voyez-vous l’avenir ? L’Italie semble mieux s’en sortir que le reste de l’Europe, notamment qu’en France, au Royaume-Uni ou en Espagne qui ont annulé tous leurs grands festivals lyriques...

L’urgence sanitaire de cette année a eu de graves conséquences sur le secteur culturel en Italie, et nous avons été le premier pays a fermer toutes ses salles de spectacle. Mais il semble que nous sommes aussi les premiers à nous relever, en proposant des spectacles en plein air. Mais nous ne savons toujours pas si nous pourrons reprendre le chemin des salles fermées à la rentrée. Nous les artistes sommes prêts en tout cas, et à titre personnel je veux rester optimiste...

Quelles seront vos prochaines prises de rôles ?

J’ai un grand défi devant moi, celui de ma prise de rôle de Philippe II dans Don Carlo de Verdi à la fin de la saison 2021. Je vais juste essayer de me préparer le mieux possible, et donner le meilleur de moi-même…

Propos recueillis (et librement traduits de l'italien) en août 2020 par Emmanuel Andrieu

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