Bluthaus - Bluthaus

Informations Description
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Informations générales

  • Compositeur:Georg Friedrich Haas
  • Librettiste:Händl Klaus
  • Date de création:2011
  • Lieu de création:Allemagne
  • Langue originale:Allemand
  • Maison d'opéra de la production originale:Schlosstheater Schwetzingen

Description de l'Œuvre

Description

Bluthaus, « la maison du crime », « la maison sanglante » : le titre le dit déjà, l’atmosphère est lourde dans l’œuvre majeure de Georg Friedrich Haas. Malgré l’extrême complexité de l’écriture de Haas, Bluthaus n’est pas une œuvre difficile d’accès, parce qu’elle tourne autour d’un drame profondément humain, incarné en un personnage, celui de Nadja, qui suscite la compassion du spectateur par l’intensité de ses émotions. Personnage traumatisé, Nadja n’est pas une de ces héroïnes bigger than life que l’opéra du XXe siècle a souvent mis en scène, Elektra, Lulu ou la femme d’Erwartung de Schönberg ; c’est une jeune femme traumatisée, qui n’aspire qu’à la normalité mais que ses fantômes hantent sans pitié. Sans doute le rôle est-il terrible pour son interprète, mais l’émotion prime sur le vertige.

Le choix d’un livret original, ancré dans la réalité quotidienne, n’est jamais facile pour l’opéra contemporain qui lui doit quelques beaux ratages. Le dramaturge Händl Klaus, librettiste expérimenté, a trouvé un langage idéal pour Haas, avec lequel il travaille régulièrement, langage fait de mots jetés là, chaque personnage continuant la phrase de l’autre. Les braves gens (des acteurs qui doivent être capables d’une diction précise et musicale) qui visitent la maison de Nadja sont décrits avec un grand humour, avant de se transformer eux-mêmes en rapaces qui viennent retourner le couteau dans la plaie : leur grande scène fonctionne d’abord comme un intermède comique, mais ils sont essentiels pour montrer l’implacable violence que subit Nadja. En montrant les non-dits d’une société autrichienne enfermée sur elle-même, Haas fait aussi œuvre politique, à la façon de son compatriote Thomas Bernhard, sans grands discours ; cette salutaire ambition n’enlève rien au bouleversant portrait de femme qui est au cœur d’un des plus grands opéras du XXIe siècle.

Bluthaus est créé dans sa version originale en 2011 au Festival de Schwetzingen, avant de faire l'objet d'une version révisée en 2014, donnée au Wiener Festwochen / Theater an der Wien. 

Résumé de Bluthaus

Nadja Albrecht, étudiante, a hérité de ses parents une très belle maison à la campagne, conçue par son père architecte. Elle veut la vendre pour commencer une nouvelle vie à Vienne. En attendant l’agent immobilier qui organise la visite collective, elle est obsédée par le souvenir des visites nocturnes de son père, par la voix de sa mère qui ne veut pas voir ce qui se passe sous ses yeux. Une première visiteuse arrive, puis l’agent immobilier Axel Freund, très aimable, puis deux employées de la banque qui viennent pour évaluer la maison – Nadja a des dettes. Les visiteurs arrivent, s’extasient sur la maison, la qualité des finitions, le grand jardin, la taille des pièces, la vue ; ils échangent des banalités, rêvent sur leur possible vie future dans la maison. Nadja est toujours obsédée par les voix de ses parents.

Deux nouveaux visiteurs arrivent, les Schwarzer, voisins qui ont connu Nadja enfant. Ils dévoilent peu à peu aux visiteurs effarés le secret de la maison : écrasée par la violence de son mari, la mère de Nadja a tué son mari avant de mettre fin à ses jours, dans cette même maison, et leur sang est encore là malgré la peinture fraîche qui a masqué les taches. Les visiteurs se retournent alors contre Nadja, devenue coupable de leur avoir caché ce secret, d’avoir voulu leur vendre une maison irrémédiablement marquée par le sang. Tous partent. Nadja reste seule avec Freund, un court moment d’intimité les unit ; deux visiteurs en retard se présentent, un couple iranien lui aussi très séduit par la maison. Cette fois, c’est Nadja qui leur dévoile le secret de la maison, achevant la déroute. Ils ont pitié d’elle, mais partent, et Freund lui-même la quitte en abandonnant l’affaire.

Dominique Adrian

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