Le Requiem de Berlioz en pré-inauguration des "Commémorations Berlioz" au Festival de La Côte Saint André

Xl_berlioz © Emmanuel Andrieu

Grand-messe des berlioziens du monde entier, le Festival Berlioz de la Côte Saint-André est placé cette année (un peu en avance sur le calendrier) sous le signe du 150ème anniversaire de la mort du célèbre compositeur français. Pour son premier concert d’envergure – en présence de Mme la Ministre de la Culture Françoise Nyssen qui a chargé Bruno Messina (par ailleurs directeur de la manifestation rhône-alpine) de veiller au déroulement des manifestations de commémoration en 2019… –, c’est le monumental Requiem de Hector Berlioz qui résonne dans la cour de l’imposant château Louis XI, et c’est le Jeune Orchestre Européen Hector Berlioz - composé de musiciens issus des conservatoires du monde entier – qui est sur scène, avec le chef français François-Xavier Roth à sa tête (un grand habitué des lieux !). Comme cela est l’usage ici, les volontés du compositeur sont respectées à la lettre, et si les instruments d’époque ne peuvent éviter quelques imprécisions et verdeurs ici ou là, on y gagne en couleurs et en saveurs, un vrai régal, d‘autant que la prestation de la jeune phalange gagne en cohérence tout au long de la soirée, pour nous irradier même bientôt de sa ferveur. Les effectifs requis sont à la démesure des intentions du compositeur, là encore scrupuleusement suivis, jusqu’au Sanctus prononcé « à la française », c’est-à-dire « u » et non pas « ou » … Surgissant de derrière l’une des fenêtres à meneaux du château, le ténor britannique Toby Spence y démontre un remarquable engagement, mais avec un phrasé de chanteur mozartien, ce qui est loin de gâcher la fête… Toutefois le clou de la soirée reste sans nul doute le fameux Tuba Mirum : disposés aux quatre coins du public, mais aussi aux fenêtres latérales du château, les (24 !) cuivres surpuissants assurent un effet stéréophonique littéralement saisissant. Berlioz raconte dans ses Mémoires que lors de la création de l’ouvrage en 1837, l’archevêque de Paris avait fondu en larmes sous le choc de cette évocation terrifiante de l’Apocalypse. Pour nous, le Jugement Dernier n’était pas loin non plus, d’autant que pas moins de quatre chœurs ont été ici réunis (le Jeune chœur symphonique, le Chœur Régional d’Auvergne, le Chœur Spirito et le Chœur d’oratorio de Lyon), soit près de 150 choristes ! Là encore, l’effet est grandiose, et – miracle ! – ne sombre jamais dans la lourdeur, avec un travail linguistique par ailleurs particulièrement attentif. Enfin, grâce soit rendue à la battue vigilante de François-Xavier Roth, puissante et équilibrée, et qui parvient à rendre justice avec une égale perfection au merveilleux Quaerens me ou à l’énigmatique début de l’Agnus Dei...

Voilà un concert de bon augure pour ces très attendues commémorations du plus grand génie de la musique française !

Emmanuel Andrieu

Le Requiem de Hector Berlioz au Festival Berlioz de La Côte Saint-André, le 21 août 2018

Crédit photographique © Emmanuel Andrieu
 

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