« Libres d'aimer » à l'Opéra de Nice en 2024-2025

Xl_nice_2024_2025 © Opéra de Nice

Alors qu’il accueille actuellement L’Olympiade des Olympiades en écho aux Jeux Olympiques de Paris et avec un dispositif scénique unique, l'Opéra de Nice Côte d’Azur profite de l’événement pour annoncer sa prochaine saison. Celle-ci revendique la liberté d’aimer avec des œuvres lyriques, toutes nées après la Révolution, qui portent en elles « la revendication d'une liberté amoureuse, d'une liberté d'exister, de vivre et d'être soi. Quel qu'en soit le prix ».

Pourquoi ce choix d’œuvres et cette thématique ? Parce que « la conception égalitaire voulue par les révolutionnaires de 1789 a parfois bien du mal à s'installer ». En effet, « la société manque encore de souplesse et ses articulations grincent, figées par des siècles d'habitudes et de conventions. L'Opéra illustre cette persistance, dont le poids s'oppose à la liberté. Mais de ce fait il participe, et aujourd'hui plus que jamais, à ce combat pour la liberté, par la façon dont il se réinvente sans cesse, à travers des visions contemporaines, des réécritures, des mélanges de genres, de formes artistiques et de technologies ». Un discours qui illustre bien la programmation qui attend le public niçois, entre classiques et raretés.

Plusieurs ouvrages connues et populaires

On le sait, à l’Opéra comme ailleurs, certains titres sont considérés comme des blockbusters et permettent une certitude – toute relative surtout en matière de spectacle vivant – quant à l’attrait envers le public, et donc le remplissage de la salle. Parmi ces titres populaires siège notamment l’indétrônable Carmen de Bizet, une « héroïne intemporelle et tragique, indépendante et rebelle ». « Libre elle est née, et libre elle mourra » : modèle de la femme libre, et surtout libre d’aimer jusqu’à la mort, la saison ne pouvait pas faire l’impasse sur l’œuvre de Bizet. La mise en scène est confiée à Daniel Benoin – à qui l’on doit notamment la Madame Butterfly donnée cette saison – et la direction musicale à Lionel Bringuier. Côté plateau, c’est à Ramona Zaharia qu’est confié le rôle-titre, dans lequel nous l’avons entendue en 2022. Elle dressait alors « un portait de Carmen parmi les plus convaincants qu’il nous ait été donné de voir ». Face à elle, Jean-François Borras (Don José) et Jean-Fernand Setti se disputeront son amour, tandis que Perrine Madoeuf interprètera Micaëla.

Le Barbier de Séville attendra également le public dans une nouvelle production de Benoît Benichou, un habitué des lieux, dirigée par Beatrice Venezi. Selon le programme, « on peut faire confiance à Benoît Bénichou pour redonner toute sa vie et son actualité à cette esquisse bien plus profonde qu’il n’y paraît, avec ses jeux de séduction et de pouvoir, mais aussi sa critique sociale et politique bien affirmée ». La distribution annonce la mezzo-soprano russe au timbre profond Lilly Jørstad pour le rôle de Rosina, campée face au Figaro de Gurgen Baveyandéjà entendu dans ce rôle en 2022. Dave Monaco retrouvera pour sa part le rôle du Comte Almaviva.

Autre nouvelle production de la saison – en coproduction notamment avec le Théâtre des Champs-Elysées où elle a déjà été donnée en 2023 –, La Flûte enchantée signé par Cédric Klapisch, marquant son premier travail lyrique. Sous la baguette de Jean-Christophe Spinosi, Joel Prieto devrait être un très beau Tamino, accompagné de son fidèle Papageno (Joan Martin-Royo) aux côtés de la Pamina de Sidney Mancasola. Quant au difficile et toujours très attendu rôle de la Reine de la Nuit, il reposera sur les épaules de Tetiana Zhuravel.

Le choix d’œuvres plus rares

A l’occasion du centième anniversaire de la mort du compositeur, la maison niçoise proposera la création française de la version en quatre actes de 1889 d’Edgar de Puccini, sur un livret de Ferdinando Fontana d’après La Coupe et les lèvres d’Alfred de Musset. Représenté pour la première fois à la Scala de Milan le 21 avril 1889, Edgar raconte l’histoire du héros éponyme tiraillé entre deux femmes : Fidelia et Tigrana. Il décide de s’enrôler dans l’armée afin de se racheter une conduite. Alors que tout le monde le croit mort et que le peuple procède à son enterrement et à son oraison funèbre, le passé peu glorieux d’Edgar est révélé. Fidelia le défend et Tigrana l’accuse. Mais comme toujours, un rebondissement viendra tout remettre en question… avant un ultime drame. Nicola Raab et Giuliano Carella proposent de redécouvrir la version originale, en quatre actes – Puccini l’ayant par la suite réduite à trois actes – pour cette création scénique française. Stefano La Colla endossera le rôle-titre face aux Fidelia et Tigrana d’Ekaterina Bakanova et de Valentina Boi.

En coproduction avec la Philharmonie de Paris et l’Auditorium Orchestre national de Lyon dans le cadre des 150 ans de la vie du compositeur, Transfigué - 12 Vies de Schönberg sera proposé sous la direction de Johanna Malangré, sous la forme d’un « spectacle total qui mêle musique, vidéo et peinture » mis en scène par le « cinéaste niçois Bertrand Bonello qui signe ici sa première mise en scène d'opéra ». Ainsi, « avec ces douze stations, à l’image des douze sons de la gamme qui structurent son système dodécaphonique », la production invite « à un voyage à travers le kaléidoscope d’une création en perpétuelle transfiguration : de Pelléas et Mélisande à Erwartung, du Pierrot Lunaire au Concerto pour piano, dans les formations les plus diverses (l’orchestre, le lied, le piano…), c’est tout l’univers si bigarré de ce créateur unique qu’il nous est proposé de découvrir » avec la soprano Sarah Aristidou.

En mars, l’Opéra optera pour Juliette ou la Clé des songes de Bohuslav Martinů, joué pour la première fois le 16 mars 1938 au Théâtre national de Prague. L’œuvre s’inspire d’un drame du poète surréaliste Georges Neveux et explore « les questions de l’amour et de la mémoire, dans un monde où les souvenirs s'achètent auprès d’un marchand ! Avec une poésie poignante, le compositeur tchécoslovaque sonde les méandres de la psyché humaine, s’interrogeant sur les frontières entre le réel et le rêve, jouant des différents niveaux de conscience pour questionner notre rapport au monde et à l’autre ». Cette nouvelle production sera imaginée par Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil et laissera entendre notamment Ilona Revolskaya, Valentin Thill et Jérémy Duffau.

Moins rare, bien que loin d’être très connue, La Fille de Madame Angot de Charles Lecoq sera pour sa part proposée dans une nouvelle production, en coproduction avec l’Opéra-Comique où elle a été donnée en 2023, le Palazzetto Bru Zane, l’Opéra National de Lyon – dont le directeur Richard Brunel signe la mise en scène – et l’Opéra Grand Avignon. Sous la baguette de Chloé Dufresne, le plateau réunira Hélène Guilmette, Valentine Lemercier, Enguerrand de Hys ou encore Philippe-Nicolas Martin.

Des productions « à part »

Les opéras s’ouvrent aujourd’hui, non seulement à de nouveaux publics, mais aussi à de nouvelles formes. L’Opéra de Nice ne fait pas exception et accueillera en ouverture de saison le festival « Hip Hop’Era », dont le succès rencontré en 2023 a donné envie de renouveler l’expérience. Rendez-vous donc le 7 septembre pour cette journée qui s’annonce « extraordinaire » : « À la croisée des chemins entre la modernité et la tradition, cet événement offre un témoignage éclatant de la richesse et de la diversité de l'art. Car dans l'union du hip-hop et de l'opéra, c'est l'âme de l'expression humaine qui se révèle dans toute sa splendeur, défiant les conventions et inspirant l'audace créatrice ».

Le 29 novembre, c’est un retour aux « années folles » que proposera la maison niçoise, dans le cadre de la 23e édition du Festival d’opérette et de comédie musicale de la Ville de Nice, tandis que Carmen Street, la comédie musicale sera donnée en juin, dans un savoureux mélange des deux disciplines précédemment évoquées : la comédie musicale et le hip-hop, puisqu’il s’agit d’une « Carmen revisitée en comédie musicale, avec une grande place laissée à la danse, au hip-hop ». Dans cette adaptation, « l’Espagne de Bizet est remplacée par une petite ville de banlieue pour le premier acte, un cabaret fantaisiste de Belleville pour le second, et le stade de France pour l’acte final… Carmen n’est plus la cigarière andalouse de la nouvelle de Mérimée, mais elle est ici infirmière dans un hôpital. Don José, son brigadier de Navarre, est devenu Youcef, un policier du quartier. De son côté, Escamillo a troqué les banderilles du toréador pour un micro et se transforme en chanteur pop international. C’est d’ailleurs lui qui va faire l’ouverture de la coupe du monde avec une reprise du tube de Bizet : Toréador ! »

Plus d’informations sont disponibles sur le site officiel de l’Opéra de Nice.

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