Tatiana Probst illumine le Concert d'automne des Saisons de la voix de Gordes

Xl_img_9165 © Emmanuel Andrieu

Les Saisons de la Voix de Gordes (dirigées par Raymond Duffaut) ont été impactées par la crise sanitaire due à la Covid-19, et nous n’avons ainsi pas pu assister au concert d’été qui devait réunir Julien Dran, Jérôme Boutillier et Vannina Santoni (nous y avions entendu Patrizia Ciofi à la précédente édition). Par bonheur, le concert d’automne a lui été maintenu, grâce aux règles sanitaires maintenant d’usage dans les salles de spectacle, et nous avons pu assister au récital original concocté par la jeune soprano française Tatiana Probst, issue de la grande famille d’artistes que sont les Casadesus – et ex-Lauréate du Concours international de la Mélodie de Gordes (dont la 12ème édition s’était tenue le week-end d’avant, sous la présidence de Sophie Koch).

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Cinq questions à Tatiana Probst

Interview : Cinq questions à Tatiana Probst

Interrogée sur son programme, qu’elle a intitulé « Les Démons de mes nuits », elle répond dans une interview qu’elle nous a accordée : « J’ai imaginé ce récital comme une immersion dans la nuit. Rêve ou cauchemar ? Douceur, douleur, l’être aimé qui nous hante, la folie, jusqu’à la mort. Puis le réveil du jour comme un retour au monde tangible ». De manière plus prosaïque, cela se traduit par un mélange éclectique d’airs tirés d’opérettes ou de comédies musicales, mais la plus grande partie d’entre eux sont plus sombres et dramatiques. Parmi ces derniers, l’on retrouve l’air de Pamina « Ach ich fühl’s » dans lequel la lumière cristalline d’un aigu pourtant pénétrant et l’émotion à fleur de lèvres touchent le cœur des spectateurs. La mort de Liu (« Tu chedi gel sei cinta ») permet à la jeune chanteuse de montrer également la forte charge émotionnelle dont la voix est empreinte, un air délivré avec une sensibilité, une sincérité et un tempérament peu communs. Le moment le plus fort reste cependant le délicat Chant à la lune extrait de la Rusalka de Dvorak, dans lequel la soprano se montre bouleversante d’émotion pudique et d’engagement lyrique. Au milieu de ces trois tubes du chant lyrique s’intercale des Mélodies françaises, telles La Chanson perpétuelle de Chausson ou La Chanson triste de Duparc, mais aussi des morceaux issus de sa propre main ou de celle de son père (présent à l’Espace Simiane où se déroulait le concert). Elle livre ainsi deux extraits du cycle des Nuits-Sens ainsi que La Mort des amants, une pièce composée par Dominique Probst en 2014 sur un poème de Charles Baudelaire. Dans ces dernières pièces, parce qu’elles lui sont intimes, elle parvient à créer un monde pour chacune d’entre elle, grâce à une imagination du mot et à une vraie aptitude à communiquer autant par le regard et le port que par le chant… 

Un mot également, en guise de conclusion, sur son accompagnatrice, la pianiste coréenne Aeyoung Byun, qui la soutient aussi chaleureusement qu’indéfectiblement durant tout le concert. Elle a par ailleurs l’occasion de montrer ses propres talents de soliste en interprétant par exemple la fameuse « Ondine » extrait du Gaspard de la nuit de Maurice Ravel, déclinée tout en douceur et subtilité… Bravo à elle aussi !

Emmanuel Andrieu

Récital de Tatiana Probst aux Saison de la Voix de Gordes, le 27 septembre 2020

Crédit photographique © Emmanuel Andrieu

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